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De flamboyants concertos baroques pour orgue par Kei Koïto

Le monde du concerto baroque est très vaste et les compositeurs anciens et modernes ont disserté sur le sujet par de nombreuses transcriptions. Johann Sebastian Bach en fut le plus bel exemple, au clavecin et à l’orgue. Kei Koïto perpétue cette tradition en proposant aux côtés des grands maitres du passé ses propres adaptations concertantes.

Ce nouveau CD de Kei Koïto nous permet tout d’abord de retrouver l’orgue prestigieux de la Aa-Kerk de Groningen aux Pays-bas. Il s’agit du deuxième orgue construit par Arp Schnitger en 1702 dans cette ville, aux côtés du grandiose et célèbre instrument de la Martinikerk toute proche. Agrandi au XIXe siècle, l’esprit du grand facteur fut préservé lors d’une restauration très réussie effectuée par Gebr. Reil en 2011. Déjà honoré par divers disques depuis les années 70, en particulier par Harald Vogel, puis Marie-Claire Alain au sein d’une 3ème intégrale Bach, cet orgue retrouvé dévoile dans le présent enregistrement toutes ses possibilités sonores et orchestrales baroques, idéales pour traduire un bouquet d’œuvres où chaque élément apporte sa couleur et son ambiance.

Le programme débute par une suite de Haendel reconstituée par Kei Koïto avec son ouverture en stile francese entonnée sur trompette et cornet révélatrice d’une influence curieusement française pour cet orgue. Place ensuite à d’autres auteurs anciens, eux-mêmes transcripteurs féconds, dont Johann Gottfried Walther qui fut leur chef de file avec pas moins de quatorze adaptations de concertos, dont deux sont présentés ici (d’après Vivaldi et Albinoni). A l’écoute, tour à tour enjouées dans les Allegro et lyriques dans les Adagio, ces pièces, en ces circonstances, sonnent souvent mieux qu’à l’orchestre, devenant œuvres nouvelles, cohérentes et convaincantes. Aucun des musiciens du passé ne s’y est trompé. Revenant à Haendel, on apprécie une adaptation « organo solo » d’un concerto pour orgue et orchestre en Fa réalisée par John Walsch en 1735, l’un des sommets de ce disque, où Kei Koïto déploie de grandes qualités d’élégance et de liberté.

Afin de rompre l’éventuelle monotonie d’une suite de concertos dans le format habituel vif-lent-vif, l’organiste propose des intermèdes, mouvements isolés puisés encore dans cette mine inépuisable. Bach est bien là avec un Vivaldi transcrit à l’origine pour le clavecin et que l’orgue transporte dans un élan lyrique inégalé.
C’est donc un vrai laboratoire que cet art de la transcription qui donne souvent des œuvres aussi passionnantes que les compositions originales.

Soutenue par une prise de son enveloppante et raffinée, l’interprétation de Kei Koïto, d’une grande noblesse, fruit de foisonnantes recherches, nous émeut au plus haut point, par son art du discours et sa personnalité reconnaissable entre toutes, marque des plus grands maîtres.

 

 

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