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Sir Malcolm Arnold, au cœur de son œuvre

À l'occasion du 85e anniversaire du compositeur anglais Sir (né le 21 octobre 1921), Decca publia en 2006 une vaste anthologie de ses œuvres en édition limitée de 13 CDs, « The Edition », essentiellement basée sur les merveilleux enregistrements du label anglais Conifer Classics hélas disparu dans les années 90. Comme Conifer Classics fut acquis par BMG, il était à espérer que ces mêmes enregistrements réapparaissent finalement sous étiquette Sony Classical. C'est maintenant chose faite, qui plus est dans la série économique « Masters ».

Le 10 septembre 2008 disparaissait (1930-2008), l'un des plus admirables chefs d'orchestre que l'Angleterre ait connu, et qui avait notamment été l'élève de Sir (1889-1983). Totalement dévoué à la musique britannique, il en donnait toujours des interprétations de très haut vol et d'une probité exemplaire. Il est le chef flamboyant des 7 premiers CDs de ce coffret inestimable, et il est heureux que son intégrale des 9 Symphonies de Sir (1921-2006) soit ainsi à nouveau disponible, d'autant qu'elle est historiquement pionnière, accomplie entre le 7 juillet 1990 et le 15 octobre 1997, si l'on y intègre la belle Symphonie pour cordes, op. 13. Avec un chef de l'envergure de , Conifer Classics a pu mener à bien le projet Arnold à un moment où la musique de concert du compositeur était encore en grande partie ignorée. Il a contribué considérablement à la réévaluation de Sir Malcolm Arnold en tant que compositeur et à la renaissance de sa popularité. Beaucoup d'œuvres ici présentes étaient à l'époque des premières au disque, le compositeur étant présent à plusieurs des sessions d'enregistrement.

Trompettiste de formation, Sir Malcolm Arnold fut d'abord connu par ses innombrables musiques de film (surtout deux : Le Pont de la rivière Kwaï, 1957 ; L'Auberge du sixième bonheur, 1958), et apprécié par ses compositions d'inspiration plus légère et populaire, comme ses cycles de Danses (Anglaises, opp. 27 et 33 ; Écossaises, op. 59…) d'une incomparable maîtrise orchestrale. Mais Arnold fut constamment torturé par la crainte que le succès commercial l'empêche d'être pris au sérieux en tant que compositeur classique. Et de fait il était loin d'être un simple pourvoyeur de musique légère, comme l'ont souvent considéré à tort bien des critiques dédaigneux qui n'ont jamais pris la peine d'écouter sa musique autrement que superficiellement ! Parmi sa vaste production, ce sont ses neuf symphonies qu'il estimait le plus parce que se situant au plus profond, au cœur même de sa pensée, sorte de testament musical s'étalant de 1949 à 1986 : à l'image d'un Gustav Mahler ou d'un Jean Sibelius, elles représentent le musicien aux multiples facettes surtout dans son côté plus sombre, plus torturé, au langage plus grinçant, nous en livrant ainsi un portrait plus complet, plus complexe. Particulièrement significatives sont la Symphonie n°6 op. 95 ; la Symphonie n°7 op. 113, dont chaque mouvement consiste en une sorte de portrait musical de chacun de ses trois enfants (Katherine, Edward – autiste – et Robert) ; et l'ultime Symphonie n°9 op. 128 : alternant souvent gaieté et noirceur mais avec prédominance de cette dernière, la musique acquiert la caractéristique bipolaire d'un Malcolm Arnold à tendance maniaco-dépressive.

Une autre forme musicale où s'est particulièrement illustré Sir Malcolm Arnold est celle du Concerto, et elle est généreusement représentée ici avec 14 pages concertantes pour divers instruments, le compositeur contribuant ainsi à un remarquable enrichissement du répertoire en ce domaine, ces œuvres étant pour la plupart écrites pour des amis musiciens. Elles sont surtout confiées ici aux London Musici sous la baguette de l'excellent , avec la crème des solistes londoniens. Par ailleurs le dernier CD est tout dévolu à la musique pour cuivres de Sir Malcolm Arnold, nous rappelant sa formation première de trompettiste : le Grimethorpe Colliery Band, sous la direction d', est éblouissant, et cerise sur le gâteau, nous offre The Padstow Lifeboat March op. 94 sous la baguette même de Sir Malcolm. En outre diverses pièces de dimensions plus modestes complètent idéalement certains CDs, dont les premiers succès du compositeur : Larch Trees op. 3, Beckus the Dandipratt, comedy overture op. 5, et même en prime A Grand, Grand Overture pour trois aspirateurs, une cireuse, quatre fusils, orgue et grand orchestre, op. 57 qui fut l'un des clous du Music Festival Hoffnung de 1956 !…

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