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Les musiques vivifiées au Festival de l’Abbaye de Saint-Riquier

Chaque année depuis trois ans, le Festival de Saint-Riquier renouvelle sa vitalité sous la direction artistique de . Les grands concerts du soir, les concerts de jazz à 18 heures à la grange et les heures sonnées dans l'abbatiale 6 fois par jour (10 minutes de musique par des de Paris et l'organiste François Saint-Yves pour faire revivre le rythme de la vie monastique), témoignent tous du dynamisme du festival.

La Veuve Rebel à la Foire Saint-Riquier
La création théâtrale est l'une des originalités de ce festival. Cette année, Le Nouvel Opéra de Québec et la concoctent un spectacle délicieux sur le fond de la guerre des théâtres, au 18e siècle, entre la Comédie-Française et la « Foire Saint-Riquier » (!), sur la musique de (1666-1747). Par des caricatures de la diction et du gestuel, les forains, dirigés par la prétendue Veuve Rebel, se moquent du théâtre officiel, font rire les badauds et obtiennent le gain de cause — droit de représentation avec un certain nombre de personnages et avec parole, chant et danse — car l'administrateur des autorités a tellement ri qu'il est mort avant la signature d'une convention qui aurait été défavorable à la troupe de la veuve ! Le spectacle, écrit par Mickaël Bouffard et mis en scène par Marie-Nathalie Lacoursière, réalise avec brio un patchwork des pièces de Biancolelli, Fuzelier, La Font, Le Grand, Le Sage et Piron, en plaçant des extraits de la musique des Eléments, des Caractères de la danse (pantomime comique), des Plaisirs champêtres (ballet), d'Ulysse (opéra). La réduction-adaptation (la version de Paris) de la comédie Ulysse et Circé s'y incruste pour donner plus de saveur. Six comédiens-danseurs-chanteurs et deux clavecinistes-comédiens-chanteurs interprètent ce spectacle dans un esprit étonnamment moderne, si bien que les trois siècles de décalage depuis leur création sont totalement balayés. Il est de surcroît précédé d'un prologue drôlissime de (marionnettes créées par Petr Řezáč et Kateřina Řesáčova), où le pauvre Monsieur Niquet en personne (de marionnette) est terrassé par Polichinelle.

Concerts du soir

Les deux premiers concerts du soir étaient des enchantements. Pour le programme Campra et Vivaldi, revient aux sources, en « restituant » le disposition de double-chœur et de double-orchestre, certes pas sur les deux tribunes de chaque côté de l'autel se faisant face comme Vivaldi le souhaitait, mais sur la scène, côte à côte. Le concert commence par un introït interprété par les , suivi de la Messe de Campra, de deux Psaumes et du Magnificat de Vivaldi, puis, après l'entracte, un Psaume et le Gloria. La soirée se termine par les complies, de nouveau exécutés par les . On vit ainsi deux heures de musiques sacrées dans un contexte plus proche d'une liturgie, grâce à une excellente interprétation dans laquelle l'effet stéréo se fond subtilement dans le vaste espace de l'abbatiale.

Le mardi 6 juillet, triomphe dans les airs de Mozart. La grande pureté de sa voix, la justesse des notes et la théâtralité dans son interprétation, notamment dans « No, no, che non sei cabace », font d'elle une mozartienne exceptionnelle. Et c'est une ovation debout. Leur Symphonie « Linz » et le Concerto pour flûte sont d'une légèreté solide, débordants d'esprit, parfaitement à l'image du style galant, et le plaisir est amplifié par la flûte d' suavement virtuose.

Concerts de Jazz

, ayant pratiqué lui-même ce genre dans sa jeunesse, est un grand connaisseur et fait appel à des jeunes talents. Le Franco-italien nous propose, en solo, une autre manière d'écouter le piano jazz avec des pièces très mélodieuses et « classiques » ; quant à , pianiste qui vient de remporter la Révélation aux Victoires du Jazz le 13 juillet dernier, nous entraîne dans son univers énergique et vif et recueille l'adhésion totale du public.

Crédits photographiques : La Veuve Rebel © Abbaye royale St-Riquier comdesimages ; Jodi Devos et Ambassadeur © Xavier Bastien Comor

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