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Pour les nostalgiques de Frederica von Stade

Regroupés en un magnifique coffret édité SONY, les anciens récitals de pour les labels CBS et RCA réapparaissent dans leur emballage et leur agencement d'origine. Les admirateurs de « Flicka » seront aux anges.

Son Chérubin, sa Mélisande, sa Cendrillon de Rossini avaient séduit et enflammé les spectateurs parisiens des années 1970. Longtemps sa Rosine du Barbier, son Octavian du Rosenkavalier, sa Charlotte de Werther ou sa Pénélope du Ritorno ont été considérés comme des références même si, Américaine dans l'âme, elle s'était en dernière partie de carrière quelque peu éloignée des scènes françaises.

De fait, les dernières années ont été largement consacrées au développement et à la promotion de la musique de son pays, même si son goût pour Paris et la France ne se sont jamais démentis. En témoignent deux CD relativement tardifs, l'un consacré à des airs d'Offenbach dont quelques curiosités – Pomme d'api, Barbe-Bleue, Madame l'Archiduc… –, l'autre à un programme plutôt original de mélodies où figurent Honegger, Messiaen ainsi que des pièces peu connues de Poulenc. La compilation réunie sur ce coffret ne contient pas, hélas, le premier récital réalisé chez Philips sous la direction d', le disque-révélation composé à partir d'airs de Mozart – Chérubin, déjà – et de Rossini, lequel faisait notamment découvrir une sublime Desdémone ; l'intégrale avec allait suivre sous peu… On redécouvrira donc, à côté de quelques sucreries comme le concert de Noël avec et Wynton Marsalis, les très beaux récitals d'airs français et italiens, de très beaux extraits des grandes intégrales de l'époque – Mignon de Thomas mais aussi Cendrillon et Chérubin, toujours, de Massenet ! –, de divins Berlioz, Ravel et Debussy dirigés par Ozawa à la tête de son , de remarquables Mahler sous la baguette d'.

Les rééditions consacrées aux mélodies paraîtront sans doute moins essentielles, et pas seulement parce que n'est peut-être pas le pianiste le plus inspiré ou qu'à l'époque on accompagnait au piano Dowland, Purcell ou Vivaldi ; de même, Monteverdi, Broschi et Paisiello étaient joués sur instruments modernes… C'est plutôt que les couleurs essentiellement pastels de la voix de , qui font merveille dans les airs d'opéra dont le brillant se voit du coup quelque peu atténué, finissent par rendre quelque peu monocordes des récitals dont le programme, varié comme cela se faisait autrefois au niveau du choix des compositeurs, ne fait pas forcément montre d'une réelle adéquation stylistique. Mais quel plaisir, des années après, de réentendre ce chant de nature essentiellement mélancolique qui confère une réelle poésie à des pages parfois rabâchées et qui retrouvent ici de nouveaux accents. Depuis les années Von Stade, d'autres mezzo-sopranos – , Susan Graham, Anne Sofie von Otter, Cecilia Bartoli, Joyce DiDonato… – ont imposé de nouveaux critères en termes de musicalité ou surtout de pure virtuosité vocale. Aucune n'aura mis autant d'âme, et dans des répertoires aussi variés, qu'une artiste aussi complète et éclectique que .

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