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Kirill Petrenko ouvre en beauté la saison du Théâtre des Champs-Elysées

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Paris. Théâtre des Champs-Elysées. 12-IX-2016. Richard Wagner (1813-1883) : Ouverture de Die Meistersinger von Nürnberg ; Richard Strauss (1864-1949) : Vier letzte Lieder ;
Piotr Ilyitch Tchaïkovski (1840-1893) : Symphonie n° 5, opus 64. Diana Damrau (soprano)
Bayerisches Staatsorchester ; direction : Kirill Petrenko

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kirill-petrenkoAprès Milan, Dortmund et Lucerne,  la tournée européenne du avec passe par Paris, dans un Théâtre des Champs-Élysées aux allures de fournaise. Le caractère sporadique des apparitions de Petrenko dans la capitale française (Der Rosenkavalier en 2014 et Ariadne auf Naxos en 2015), créent une attente légitime chez ceux qui – trop nombreux hélas – ne font pas le voyage en Bavière pour l'entendre dans « sa » salle.

Heureux parisiens, ce soir-là… Le programme qui sert d'ouverture à la saison 2016-17 du TCE a de quoi séduire et fasciner. Tout commence avec une Ouverture des Meistersinger von Nürnberg, confondante de carrure et d'énergie. Tout, depuis l'étagement des plans jusqu'à l'irrésistible fluidité des entrées dans la fugue, tout séduit au plus haut point sans jamais verser une démonstration de surface. A la tenue exemplaire des cuivres répond la franchise des intonations et l'homogénéité des cordes.

Changement d'atmosphère radical avec des Vier letzte Lieder de , jouant avec les liaisons confuses et la moiteur d'un chiaroscuro musical. Les amateurs d'opulence et d'épaisseur coloriste en seront pour leurs frais, n'a ni la surface vocale d'une Norman, ni la palette d'une Schwarzkopf – et bien mal inspiré celui qui pourrait s'en plaindre. Inutile de confiner par la saturation discographique une nécessaire liberté et disponibilité d'écoute pour entendre ce que la voix de Damrau peut offrir dans une œuvre aussi célèbre que redoutable. Redoutable également l'acoustique du lieu qui souligne au rouge la moindre faiblesse dans le registre grave ou la tendance à un chant surveillé et pour ainsi dire « sur les pointes ». travaille d'une manière inouïe les irisations volatiles de la matière instrumentale. On goûte le soyeux des cordes et l'appétence des cuivres dans Frühling ou la transparence des trilles à la petite harmonie dans Im Abendrot. La voix se fond au millimètre dans ce luxueux écrin, avec pour corollaire une impression de timidité ou de froideur quand on garde à l'oreille ces voix de studio qui ont l'art (confortable) de rompre les amarres dans les moments de climax lyrique.

La Symphonie n° 5 de Tchaïkovski donnée en seconde partie bouscule avec bonheur les  habitudes et les tics qui finissent par étouffer ce répertoire d'un vernis sentimental aux limites du supportable. Petrenko fait voler en éclats les épaisseurs de tourments nostalgiques, préférant une lecture au cordeau et un art de la pointe sèche qui vivifie les timbres et les contours. L'écoute est sollicitée en permanence, ici par une variation de nuance qu'on n'avait jamais entendue, là par un picoti de sourdines au pupitre de cor qui semble tombé du ciel. L'élégance de la conduite harmonique dans la Valse, la circulation du thème dans l'andante, la clarinette dans le finale… tout porte à l'étonnement et à l'admiration. Rien qui ne pèse ou qui ne pose dans ces tableaux bruissant et enlevés, aux antipodes des lectures engorgées de pathos et de taïga. impressionne durablement, offrant à entendre d'inédites perspectives d'écoute.

Les lignes déliées des spirales chromatiques du finale trouvent dans l'Ouverture de Rouslan et Ludmilla de Glinka, donnée en bis, une parenté naturelle. L'abattage effréné du staccato est mené furioso jusqu'à son terme éclatant. Mieux qu'un concert ? Une leçon.

Crédit photographique : Wilfried Hösl

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Paris. Théâtre des Champs-Elysées. 12-IX-2016. Richard Wagner (1813-1883) : Ouverture de Die Meistersinger von Nürnberg ; Richard Strauss (1864-1949) : Vier letzte Lieder ;
Piotr Ilyitch Tchaïkovski (1840-1893) : Symphonie n° 5, opus 64. Diana Damrau (soprano)
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