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Wunderlich ist Wunderbar

Pour le cinquantenaire de sa disparition, le ténor lyrique allemand (1930-1966) méritait bien divers hommages des firmes discographiques, et en complément du coffret Deutsche Grammophon rassemblant l'intégralité de ses gravures studio légendaires en 32 CDs (4796438), SWR Music publie un CD d'enregistrements radio idéalement complémentaire, documentant les tout débuts de ce chanteur d'exception.

Les mélomanes ayant connu le foisonnement discographique des années 60 se souviennent encore du choc ressenti par la disparition accidentelle de le 17 septembre 1966, en pleines sessions d'enregistrement de l'oratorio La Création Hob. XXI:2 de Joseph Haydn sous la baguette d'Herbert von Karajan (Deutsche Grammophon 4497612), et qui pour achever la réalisation nécessitèrent la contribution d'un second ténor, Werner Krenn, essentiellement dans les récitatifs.

Une chute dans un escalier mit stupidement fin à une carrière éblouissante dans tous les registres, dont le disque est le précieux témoignage, depuis la chansonnette et l'opérette jusqu'à l'opéra et l'oratorio, depuis Claudio Monteverdi (1567-1643) et Michael Praetorius (1571-1621) jusqu'à Emmerich Kálmán (1882-1953) et Alban Berg (1885-1935). enregistre sous les plus grands chefs de l'époque : August Wenzinger (L'Orfeo), Karl Richter et Karl Münchinger (Oratorio de Noël BWV 248 ; Passion selon Saint Matthieu BWV 244), Herbert von Karajan (La Création Hob. XXI:2 ; Missa Solemnis op. 123), Karl Böhm (La Flûte enchantée K. 620 ; Wozzeck), Eugen Jochum (L'Enlèvement au Sérail K. 384), pour ne citer que les intégrales. Remarquable interprète de lieder, il grave La Belle Meunière D. 795 de Schubert et Les Amours du Poète op. 48 de Schumann avec le vétéran Hubert Giesen (1898-1980).

Le CD sous rubrique issu de bandes de la SWR (Südwestrundfunk allemande) nous propose d'abord six trop brefs extraits (9 min) de l'Oratorio de Noël de Bach, centrés sur l'Évangéliste, cinq courts récitatifs encadrant un seul aria, qui isolés de leur contexte et s'enchaînant sans pause, sont particulièrement réducteurs et frustrants, malgré la voix rayonnante et chaleureuse de Wunderlich. Les dix extraits du Messie de Haendel qui suivent sont plus satisfaisants dans leur séquence variée de récitatifs et d'arias, et dans leur durée (21 min), nous gratifiant en outre du beau duo O Tod, wo ist dein Stachel? avec l'alto . Toutes ces interprétations proviennent de concerts publics à Stuttgart, respectivement les 18 décembre 1955 et 21 mars 1959.

Les œuvres de Buxtehude, Schütz et Telemann proviennent d'enregistrements studio réalisés entre ces deux dates, et il semble bien que ce soit les seuls témoignages de ce répertoire chez Fritz Wunderlich, le ténor allemand ne les ayant apparemment jamais gravées commercialement, ce qui rend ce disque particulièrement précieux, ne fût-ce que pour elles seules. Que ce soit en soliste ou en groupe, on y sent constamment cette joie de chanter si typique de cet immense artiste que fut Fritz Wunderlich. Comme très souvent chez les petits labels allemands, les bandes originales sont assez filtrées, ce qui affecte parfois l'accompagnement orchestral, mais préserve heureusement le timbre exceptionnel du chanteur.

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