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Tristan und Isolde à Bayreuth, voir l’ennui

En août dernier, ResMusica rendait compte de la représentation de Tristan und Isolde de au Festival de Bayreuth, aujourd'hui éditée en DVD. Si cette captation vidéo semble confirmer les propos de notre confrère, le résultat sur nos petits écrans de télévision s'avère encore plus consternant.

Les quelques réflexions de  sur sa mise en scène, paraissant dans le fascicule accompagnant ce coffret, sont à l'image de ce que le spectacle offre : un fouillis intellectuel. Lorsqu'on lit des phrases comme : « C'est un « oui ! » à l'« être » sans justification morale ou sociale, il n'y a pas d'alternative, tout le reste serait un « non-être »…etc, etc. Il y a de quoi s'inquiéter sur nos ignorances des mystères wagnériens et sur la véritable histoire qu'aurait voulu raconter !

Au premier acte, l'argument dit : « Le vaisseau de Tristan emmène Isolde… » Quel navire, mes aïeux ! Avec le décor gigantesque d'escaliers s'entrecroisant on est à bord d'un immeuble marin tel que les temps modernes offrent aux croisiéristes actuels. Sauf que dans celui de Tristan, le manque d'éclairages rend la croisière triste (Tristan ?) et lugubre. Pendant l'ouverture, la longue promenade de la caméra dans cette structure métallique grise et noire tourne vite à l'ennui. Un ennui qui fait presque oublier la sublime musique et sa magistrale interprétation par un inspiré.

Après environ une douzaine de minutes de cette nuit d'acier gris, les protagonistes entrent en scène. Filmés depuis le plateau, leurs visages sont enlaidis par cet angle de vue. Ce qui, depuis la salle du théâtre peut suggérer les ambiances du drame, perd totalement de son intensité avec les gros plans de ces protagonistes aux balcons du décor. Sans grande attraction pour l'aspect psychologique recherché dans ces premières images de la mise en scène de , l'envie se fait grande (facilement possible avec le DVD) de sauter des passages où l'image mange la musique. Tout juste si, par moment, on peut apprécier l'intensité vocale et l'engagement d' (Isolde) et de (Brangäne). Vocalement assurément deux grandes wagnériennes !

Le deuxième acte s'ouvre sur la continuation de la promenade métallique du premier acte, avec des éclairages certes recherchés mais qui plongent le spectateur télévisuel dans l'interrogation. Au moins les actions d'une grande lenteur d'exécution laissent le temps d'apprécier la sublime musique de Wagner. Le dernier acte reste toujours aussi avare d'éclairages. Ici encore, les écrans noirs, succédant aux scènes couleur sépia, n'apportent rien au plaisir visuel.

En définitive, comme souvent, un DVD à écouter pour la qualité des interprètes et surtout pour la direction musicale de et la qualité de l'orchestre plus que pour son intérêt scénique.

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