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La Fantastique en 3D par Arthur Lavandier et Le Balcon

Creuser le sillon psychédélique de la Symphonie Fantastique, c'est ce que souhaite en commandant en 2013 une nouvelle version du chef d'œuvre de Berlioz au Balcon, jeune compagnie très audacieuse créée en 2008.

La Balcon a décidé de produire ses propres spectacles et mise sur les moyens de l'amplification et la notion de spectacle en musique. Pour l'occasion, deux cloches ont été fondues non loin de La Côte-Saint-André et mises à la disposition des interprètes. L'œuvre est enregistrée quelques semaines avant de faire l'ouverture du Festival Berlioz 2016. C'est , 26 ans lors de la conception, qui a relevé le défi, avec des idées et un talent plus que prometteurs !

L'effectif très réduit – quelques 20 instrumentistes et le renfort de l'Académie de musique de rue « Tonton a faim » pour La marche au supplice – nécessite arrangement et transcription, voire réécriture de la part d' qui a l'idée d'actualiser les sonorités de cette symphonie à programme. Le synthétiseur, la guitare électrique, les chorus de Big Band et les techniques de morphing qui ont manqué à Berlioz servent ici le récit de manière aussi virtuose qu'inédite : ainsi ces inserts jazzy pulsés par la batterie qui s'interposent au sein de la valse dans le début du Bal où le piano a remplacé les deux harpes. En empruntant au rite pastoral un Ranz des vaches, Berlioz avait certainement pensé, pour son troisième mouvement, au cor des alpes résonnant d'une vallée à l'autre. L'instrument fortement détempéré est convoqué chez Lavandier, entamant un dialogue improbable avec le hautbois qui subit lui aussi « les effets du plein air ». Avec saxophones et sousaphones hauts en couleurs, la Marche au supplice emmenée par la caisse claire est plus festive que farouche. Dans la version de concert, la fanfare « Tonton a faim » doit d'ailleurs déambuler en la jouant ! On en oublierait presque l'issue fatale si la Ronde du Sabbat n'apportait son lot de figures dégoûtantes et monstrueuses. Après une introduction particulièrement dépressive où ça tremblotte et gargouille, synthétiseur et guitare électrique énoncent un Dies Irae gouailleur qui ruine l'effet choral des cuivres. Le fugato laborieux de la Ronde du Sabbat est stimulé par des refrains inattendus tel cet Hymne à la joie anticipant le final triomphal. Il y a de l'humour et des trouvailles dans ce chaos bien organisé qui conserve malgré tout le cadre quasi intégral du plan berliozien. La réalisation instrumentale est impeccable et l'énergie n'est pas en reste au sein de l'ensemble que l'on sent tenu de main de maître par l'exigeant . Glissées dans le coffret, les cinq cartes illustrées – que l'on doit au dessinateur Baptiste Virot – pour chacun des mouvements donnent le ton et la mesure du propos.

Ne pas oublier de télécharger la version binaurale en 3D pour une écoute au casque optimisée (code dans le livret).

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