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Pensées de Liszt, vrai Européen et fausse rock star

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Tout le ciel en musique, pensées intempestives choisies par Nicolas Dufetel, suivi de Liszt et le hérisson par Nicolas Dufetel. Le Passeur Editeur. 248 pages, 2016.

 

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La sélection de pensées de réunies dans cet ouvrage par Nicolas Dufetel démontre avec vigueur que Liszt est sans égal parmi les musiciens pour la générosité, la culture, le mysticisme et l'humanité.

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Un cliché pour accrocher l'attention du public est de comparer Franz Liszt à une rock star, eu égard à la célébrité extrême qu'il connut de son vivant comme pianiste virtuose. La comparaison commence et s'arrête là, car on se demande quelle rock star vivante ou disparue peut se targuer d'avoir sa générosité, sa culture, son mysticisme, sa simplicité.

Liszt, c'est la gloire, ce sont les femmes. Mais Liszt préfère écrire sur la vanité, le piano, Dieu. Liszt est de son siècle quand il écrit sur le génie, il est en avance sur son temps quand il dénonce la peine de mort, il est hors du temps quand est taraudé par l'angoisse métaphysique, en tout cas jamais il ne chante l'air du « c'était mieux avant ». S'il constate mi-amusé mi-dépité que ses propres lettres sont vendues aux enchères et qu'il est le seul à ne pas profiter de cette manne financière, l'amertume et la jalousie ne sont pas son lot. Ses commentaires sur les figures de son temps, Berlioz et Wagner qui lui doivent tant en particulier, sont d'une acuité et témoignent d'une amitié sans faille.

Tellement européen que c'est lui qui aurait mérité qu'on choisisse sa musique pour l'hymne de l'Union Européenne, transcendant les nationalismes entre Hongrie, France et Allemagne, c'est en Italie et Venise en particulier qu'il voit la patrie de l'amour – à défaut d'y voir la patrie de la musique. Lui l'homme adulé des femmes n'écrit pas sur elles, ou alors si bien qu'on ne résiste pas à lever un coin de voile sur  cette anthologie : « Pour sentir la poésie de la gondole, il faut y avoir caché jalousement une femme aimée ; il faut avoir rasé l'onde avec elle, comme emporté sur l'aile d'un oiseau de mer et glissant furtivement à l'ombre des palais mauresques, le long des murailles où pleure l'ombre marine ; il faut avoir traversé toute cette populeuse cité, comme les amants voudraient traverser la vie, seuls, absolument seuls entre l'onde et les cieux, échappant à tous les regards, défiant toutes les haines, se dérobant à toutes les poursuites. »

Ces « pensées intempestives » qui proviennent à la fois de sa correspondance privée et de ses écrits publics, permettent de découvrir, par ses propres mots, le regard que Liszt portait sur le monde.

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