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Anne-Sophie Mutter et Robin Ticiatti au Théâtre des Champs-Élysées

Trop parfaite, ? C'est presque l'impression qu'elle nous a laissée lors de sa prestation avec le London Philharmonic Orchestra au Théâtre des Champs-Élysées. Son interprétation du Concerto pour violon n° 2 de Mendelssohn est apollinienne, proche de la perfection technique mais finalement lisse et sans aspérités. 

Après 40 ans de carrière, est au sommet de son art. Elle le prouve dans le concerto de Mendelssohn par son jeu d'une virtuosité et d'une fluidité déconcertantes. Sans aucun effort apparent, elle atteint une vitesse vertigineuse dans les sections rapides et déroule des cascades de notes comme si elle n'avait jamais besoin de reprendre son souffle. Son interprétation coule de source, sans aucun accroc, et conserve une clarté solaire tout au long des trois mouvements. Et pourtant, passés les premiers ravissements de cette lecture aérienne, on se surprend  à s'ennuyer, à trouver que l'ensemble est trop éthéré, un peu maniéré, d'une pureté qui manque au fond de vibrant et d'intensité. On en vient finalement à espérer que cette prêtresse de la beauté immaculée se laisse aller à quelques aventures, elle qu'on a déjà connue plus habitée. La salle a néanmoins gratifié la soliste d'ovations méritées pour cette performance brillante et sans bavure. En bis, la violoniste a choisi de dédier la Sarabande en ré mineur de Jean-Sébastien Bach aux victimes des attentats du 13 novembre 2015.

Derrière l'affiche de haute volée qui réunit une violoniste majeure et l'un des principaux orchestres symphoniques britanniques, il y avait aussi l'opportunité de découvrir plus avant le jeune chef Robin Ticiatti. Nommé directeur musical du festival de Glyndebourne en 2014, chef principal du Scottish Chamber Orchestra depuis 2009/2010, il s'apprête également à prendre la direction du Deutsches Symphonie-Orchester de Berlin la saison prochaine.

Si l'exécution un peu plate de l'ouverture de Manfred n'a pas de quoi marquer les esprits, la Symphonie du Nouveau Monde de Dvořák est en revanche une belle réussite. Le premier mouvement est attaqué sur un tempo assez rapide, énergique et plein de dynamisme. Derrière un style un peu chaloupé, la direction de Ticiatti est confiante et réussit à tirer toutes les possibilités de la phalange londonienne. Le Largo du deuxième mouvement est majestueux et franchement poignant. Le Scherzo du troisième mouvement puis le finale laissent éclater toute la puissance et le volume de l'orchestre, si certaines nuances peuvent paraître originales, le résultat est très convaincant. Un « Nouveau Monde » réjouissant sans lequel la soirée aurait pu être un peu somnifère.

Crédit photographique : H. Hoffmann / DG

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