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Felicity Lott se raconte

La marque des plus grands se perçoit grâce à deux choses : leur humilité et leur doute constant dans l'approche de leur art. La soprano avait déjà amplement démontré lors d'une récente rencontre lors des ICMA 2016 qu'elle était dotée de l'une comme de l'autre. Ce n'est pas une diva mais une vraie Dame que cet ouvrage met à l'honneur. La célèbre cantatrice aurait pourtant mérité un plus bel écrin à l'image de sa carrière et de son talent.

c'est d'abord La Maréchale dans Le Chevalier à la Rose de Strauss. « Elle est noble, simple, généreuse, elle aime les plaisirs de la vie. » parle-t-elle vraiment de La Maréchale ou bien tout simplement d'elle ?

Felicity Lott c'est ensuite l'incarnation de La voix humaine de Poulenc. La chanteuse lyrique y révèle les difficultés du rôle, les anecdotes de scène et la manière dont elle a abordé ce personnage : « le premier chef avec lequel j'ai travaillé cette œuvre m'a dit qu'il avait eu plus de travail que pour un opéra de Wagner. »

Felicity Lott c'est aussi le rôle-titre de La Belle Hélène d'Offenbach. L'artiste s'est particulièrement illustrée dans l'opérette (nous l'avions d'ailleurs appréciée dans son interprétation du personnage de la grande duchesse), genre qu'elle découvrit réellement lorsqu'elle entendit Régine Crespin chanter « Ah que j'aime les militaires. » Pour évoquer sa rencontre avec Elisabeth Maximovith au Conservatoire de Grenoble où elle s'est présentée « par hasard pour remplir ses heures de liberté », l'étape dans sa vie qui correspond à ses débuts dans le monde lyrique, elle emploie même une citation du livret de Henri Meilhac et Ludovic Halévy : « c'est la fatalité ! » La fatalité vraiment ?

Le titre de cet ouvrage fait lui aussi référence à l'opéra d'Offenbach. Et pourtant, il est si peu représentatif de la vie de son héroïne… Car de l'amour, Felicity Lott n'en a aucunement besoin : elle en déborde. Elle est entourée d'amour autant dans sa vie personnelle que professionnelle. À croire qu'Olivier Bellamy a rédigé ce livre à la va-vite sans trop se poser de questions. Il traite la vie et la carrière de cette chanteuse lyrique comme il pourrait aborder celles d'un acteur, d'une star de la télévision ou d'un homme politique. Les cinquante premières pages se composent majoritairement d'anecdotes inutiles et inintéressantes qui laissent peu de place à une véritable analyse de l'artiste sur ses rôles à l'opéra, sur ses rencontres, sur la manière dont elle a abordé son art et les apports des musiciens, metteurs en scène et chefs d'orchestre qu'elle a rencontrés tout au long de sa carrière. Évidemment, Felicity Lott les évoque mais de façon bien trop succincte pour assouvir l'appétit de tout mélomane. Les photographies au milieu de cette publication sont révélatrices : les photos de famille sont bien trop présentes et d'un intérêt… limité.

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