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Damrau et Polenzani triomphent dans Les Pêcheurs de Perles

et sont les vedettes de cette production enregistrée à New York en janvier 2016.

Pendant bien longtemps Les Pêcheurs de Perles faisaient figure de rareté. Mais depuis quelques années, les représentations se multiplient : Montréal, Venise, Londres, Strasbourg, Vienne, puis le Metropolitan Opera de New York où cet opéra n'avait plus été donné depuis la saison 1916/17. était la vedette de cette production, retransmise dans les cinémas du monde entier en janvier 2016 et enregistrée en même temps pour DVD.

La mise en scène respecte l'orientalisme de l'œuvre, mais la transpose d'un passé lointain à nos jours. Les pêcheurs tentent de concilier tradition et modernité, et s'ils craignent toujours la mer – source, à la fois, de vie et de mort – c'est désormais le changement climatique qui cause cette peur. Dommage seulement que la direction d'acteur manque tellement de fantaisie. Il faut, en effet, attendre le duo entre Leïla et Zurga au troisième acte pour enfin voir un moment de vrai théâtre. C'est bien tard.

Musicalement, la production est portée par et . En Leïla, la soprano allemande trouve un rôle idéalement adapté à ses moyens actuels. Les quelques vocalises du premier acte ne lui posent, évidemment, pas de problèmes. Mais c'est dans les actes suivants, qui demandent une voix autrement épanouie, qu'elle impressionne le plus, sans parler de la beauté de ses merveilleux aigus filés. Avec son émission haut placée, est aujourd'hui l'un des meilleurs interprètes du répertoire français. Il s'y connaît dans l'art de la voix mixte, essentiel pour le grand air de Nadir, mais il brille également dans les passages plus dramatiques de son rôle.

Mariusz Kwiecien, en revanche, a bien du mal à adapter sa voix, grande et puissante, aux exigences stylistiques d'un opéra français. Son Zurga viril, presque brutal, manque cruellement de souplesse et ne convainc que par son engagement dramatique au dernier acte. A ses côtés, campe un solide Nourabad à la voix également granuleuse, mais au français bien plus soigné.

n'est pas non plus un grand spécialiste du répertoire français. Tirant l'œuvre un peu trop du côté du vérisme italien, sa lecture s'avère pourtant passionnante avec, en plus, quelques moments intimes d'une grande beauté.

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