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Œuvres de jeunesse de Mendelssohn par de jeunes interprètes français

Dans le cadre de la série « Premiers feux » au Louvre, mettant l’accent sur les premières années créatrices de compositeurs, tels que Bach, Rachmaninov, en passant par Beethoven, Schumann, Chostakovitch, Grieg, Berg, et encore bien d’autres, ces deux concerts étaient consacrés aux œuvres de jeunesse de Mendelssohn.

Étonnants sont la maturité et le degré de perfectionnement de ces musiques nées sous la plume d’un adolescent surdoué. De 15 à 17 ans, Mendelssohn a créé de véritables chefs-d’œuvre, fortement influencés par Mozart mais avec des éléments profondément imprégnés de romantisme. C’est le cas, outre l’Octuor que chacun connaît, du troisième Quatuor avec piano en si mineur op. 3 (!), composé à 15 ans seulement. Dominée par une grande beauté structurelle, l’œuvre n’est pas dépourvue de la passion juvénile : le quatrième mouvement, en particulier, est traversé par un sentiment tragique propre à la jeunesse, tandis que la délicatesse de l’« Andante » inspire un des moments les plus paisibles du monde. C’est comme si le jeune homme avait déjà vécu tous les aléas de la vie et on se demande avec stupeur d’où viendrait cette profondeur. Dans les quatre opus, le scherzo, marque de fabrique du compositeur, est un coup de maître incontesté, la démonstration d’un savoir-faire qui a déjà atteint un somment que Mendelssohn lui-même peine à dépasser par la suite.

Étonnante aussi est l’interprétation de ces jeunes musiciens émergents, liés par une belle amitié. Nés autour de 1990 pour la plupart, ils se sont côtoyés au Conservatoire National Supérieur de Paris et ont souvent joué ensemble de la musique de chambre. Certains ont partagé le processus de progression créative au sein de l’International Music Academy Switzerland de Seiji Ozawa. La parfaite cohésion musicale entre eux s’explique en grande partie par cette fréquentation fraternelle, qui fait engendrer une énergie fabuleuse, entrainant toute la salle dans une communion galvanisante. Nous avons vécu cet exaltation vers la fin de chaque pièce, surtout dans l’Octuor et le Sextuor, où la montée vers le point culminant, tout en plongeant dans le cœur de la partition, dégage une fièvre extraordinaire, tous les musiciens ayant été gagnés par une frénésie époustouflante, comme un rêve éveillé. Ils incarnent ainsi collectivement le jeune Mendelssohn, et nous convainquent jusqu’à nous faire dire que c’était exactement comme ça que le compositeur a créé ces musiques, habité par l’esprit de la Muse ! Leurs regards croisés de temps à autre, de petits incidents très vite surmontés, les visages sereins et satisfaits lors de saluts, toutes ces images nous procurent une autre joie, celle de voir l’avenir assuré de la musique dite « classique » et de ces jeunes talents.

Crédit photographique : Mendelssohn © DR

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