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Kurt Sanderling d’une poignante gravité dans la 9e de Mahler

« C'est une fois de plus, au programme intérieur à donner sa vraie signification à la Neuvième et, partant, à justifier les particularités de sa construction. Si nous avions à lui donner un titre, nous n'hésiterions pas à reprendre celui de Mort et transfiguration », recommande Jean Matter dans son « Mahler » pour L'Âge d'Homme en 1974.

N'est-ce pas là une invitation à revisiter le parcours humain et artistique du compositeur autrichien ? Mahler conçoit au cours des années 1909-1910 une symphonie en quatre mouvements où deux grandioses adagios, profondément lyriques et impressionnants, occupent la première et la dernière partie de l'œuvre, entourant deux mouvements rapides, selon Bruno Walter un « vieux  Scherzo familier sous un nouveau déguisement » et un Agitato à la « maîtrise contrapuntique » implacable, œuvre qui n'est créée qu'après sa disparition, le 26 juin 1912 à Vienne sous l'autorité du souverain Bruno Walter. « Le premier mouvement est ce que Mahler a fait de plus extraordinaire », confie Alban Berg qui ajoute : « J'y vois l'expression d'un amour exceptionnel pour cette terre, le désir d'y vivre en paix, d'y jouir pleinement des ressources de la nature… avant d'être surpris par la mort ! » Ce premier mouvement traduit la confrontation d'un qui se sait condamné à court terme avec la terrifiante mort toute proche. L'Adagio conclusif véhicule les mêmes affres mais avec une sensualité et une suavité extrêmes, une exacerbation mémorable se retrouve dans le premier mouvement, Adagio également de la Symphonie n° 10 inachevée, dans lequel le compositeur semble gravir les marches menant aux cieux. « Un adieu paisible » selon Bruno Walter.

(1912-2011) a réalisé plusieurs enregistrements de la « Neuvième » : à la tête de l'Orchestre symphonique de la BBC (BBC Legends, 1982), de l'Orchestre Philharmonia (Erato, 1992), de l'Orchestre philharmonique de Berlin (Berlin Classics, 1979)… et présentement avec l'Orchestre symphonique de la NDR à Hambourg en décembre 1987. Ce chef prestigieux au parcours biographique et artistique exceptionnel engage une lecture inébranlable, vigoureuse, scrupuleuse, fidèle à l'esprit du romantisme tardif, traduisant de manière pertinente l'opinion de   : « La symphonie est comme le monde, elle doit embrasser toute chose. »

Preuve est faite une nouvelle fois que appartient à la noble famille des mahlériens authentiques et traditionnalistes.

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