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Mayerling par le Ballet du Théâtre Stanislavsky à Munich

Le ballet de MacMillan est un peu daté, mais le Ballet du Stanislasky y est à son avantage.

Le Ballet de Bavière vit depuis le début de cette saison à l'ère russe par la grâce de son nouveau directeur, . Pour sa première édition du festival annuel de danse organisé au printemps à Munich, Zelensky a notamment choisi de faire venir le ballet du Théâtre Stanislavsky et Nemirovitch de Moscou, dont il était encore le directeur au moment où il a conçu cette première saison. Au sein de son vaste répertoire, c'est avec Mayerling de que la troupe moscovite se présente au public munichois : l'attraction principale en est , que Zelensky avait engagé à Moscou après son départ fracassant du Royal Ballet et qui figure désormais à l'effectif… du Ballet de Bavière, où il n'avait à vrai dire dansé que cinq représentations depuis le début de la saison.

C'est pourtant avant tout la distribution féminine qui aide le mieux à passer sur les défauts d'un ballet qui, malgré tout le tragique du destin individuel de son personnage principal, reste souvent confit dans les images d'Épinal de la fastueuse cour des Habsbourg. Au lieu de l'étoile Natalia Somova, le rôle décisif de Mary Vetsera, la jeune femme retrouvée morte aux côtés du corps du fils de François-Joseph, est interprété par une soliste de moindre rang, : elle a la souplesse juvénile de son personnage, elle en a aussi les fascinations morbides, les élans idéalistes, une forme de vertige adolescent. Avec une danse d'une fluidité parfaite, elle illumine toute la seconde partie du ballet.

Cette même fluidité se retrouve chez les autres rôles principaux féminins, avec une diversité des caractères et des physiques que d'aucuns, sur les bords de la Seine par exemple, regardent comme un mal, mais qui est une condition si on souhaite que le ballet reste un art vivant. On admire la rouerie d'entremetteuse d', et plus encore la légèreté de la demi-mondaine interprétée par , toutes en jambes et en sourires.

Mais l'étoile que ces soirées de tournée devaient mettre en valeur, c'est bien sûr le fougueux , habitué des gazettes autant que de la presse spécialisée : on ne peut tout à fait se départir de l'impression que le rôle le bride, avec tout le poids des conventions propre au ballet narratif des années 1970 : seule la scène finale, la fin tragique au château de Mayerling, lui permet de donner libre cours à son talent dramatique et à sa liberté de danseur. C'est que ce ballet de MacMillan, sans doute moins réussi que d'autres, ne parvient pas à résoudre cette contradiction fondamentale qui consiste à devoir restituer par la danse les tensions d'un corps empêché, nié, tel que le décrit bien Stephan Zweig pour cette période finale de la monarchie austro-hongroise. Les femmes, ici, s'en tirent paradoxalement mieux, et c'est grâce à elles que la soirée trouve malgré tout une forme de nécessité dramatique et chorégraphique.

Crédits photographiques © Wilfried Hösl

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