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Giacomo Puccini mode d’emploi

Lever le mystère de la personnalité artistique de Puccini et donner un aperçu de son oeuvre et de ses interprétations, le tout en 192 pages, est l'ambition affichée par le mode d'emploi de Chantal Cazaux, rédactrice en chef de la célèbre maison d'édition L'Avant-Scène Opéra. Un pari partiellement réussi. 

Initiée en 2000, la série des « mode d'emploi » propose de faire le point sur l'ensemble de l'oeuvre d'un compositeur d'opéra, au lieu des habituelles publications qui sont concentrées sur un seul ouvrage (plus de 250 !) et qui ont fait la réputation de cette maison. Puccini est seulement le sixième musicien à entrer dans cette série, et le second italien après Verdi en 2012, rédigé également par Chantal Cazaux.

Agréablement illustré par une riche iconographie, ce guide s'attache à traiter tant la biographie du compositeur que chaque opéra (contexte de la création, synopsis, analyse de l'œuvre – qui suit de très près le synopsis – et de sa portée), et traite aussi de thèmes transversaux pertinents comme l'héroïne puccinienne, Puccini est-il vériste, ou la dimension cinématographique de sa musique. L'accusation de mauvais goût qui a longtemps déconsidérée son oeuvre est abordée de front (on pense à cette anecdote de l'unique rencontre de Chostakovitch et Stravinski, en 1962 à Moscou, où le seul échange et moment de rencontre qu'ils ont eu s'est résumé à leur aversion pour Puccini), et est naturellement battue en brèche par l'auteure (qui cite d'ailleurs Stravinski parmi ses défenseurs). Il y a enfin une sélection, revendiquée comme subjective, des meilleurs chanteurs, chefs d'orchestre, enregistrements discographiques et vidéographiques.

Le contrat est donc rempli sur le papier, mais même densément remplies, les 192 pages peinent à contenir un sujet aussi riche, et le mystère Puccini n'est pas levé. On apprécie le soin à équilibrer les artistes actuels et d'autrefois, on regrettera toutefois que la subjectivité assumée de Chantal Cazaux  soit allée jusqu'à laisser Franco Corelli, Calaf de légende, en dehors de la sélection des 40 interprètes pucciniens majeurs, et que l'enregistrement télévisé par la RAI de Turandot de 1958, où il est d'une beauté et d'une autorité physique et vocale stupéfiante, soit passé sous silence. Relevons enfin le prix relativement élevé de 28€ pour un ouvrage généraliste sur un compositeur.

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