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Hermes V : l’Ensemble Intercontemporain virtuose

L'Ensemble Intercontemporain a donné vendredi soir son deuxième concert dans le cadre du Festival Manifeste de l' (dont on fête cette année, à l'instar de l'Ensemble, les 40 ans). Le programme mettait à l'honneur la compositrice , le compositeur , dont les œuvres furent données en création mondiale, et nous proposait de continuer à redécouvrir l'œuvre du compositeur canadien disparu en 1983.

Le programme s'ouvre avec Namenlosen de , une œuvre écrite pour quatre solistes, ensemble et électronique. Les solistes (flûte, hautbois, trompette et alto), disposés autour du public, encerclent l'auditeur et démarrent par un exorde immersif, se relayant pour dessiner une trajectoire sonore à laquelle vient se suspendre l'ensemble. L'interaction avec l'électronique est subtile et poétique. La compositrice nous raconte des bribes d'histoires anonymes qui laissent deviner çà et là des sons inconnus et parfois quotidiens qui parcourent la salle toute entière, fragments discontinus au sein de blocs formels plus vastes. Les tuilages sont impeccables et sculpte avec clarté la matière expressive. L'ensemble dialogue généreusement avec les solistes et l'œuvre qui se déploie est transcendée par les musiciens.

Ce sont ensuite les Trois Airs pour un opéra imaginaire de qui nous sont présentés. Le style unique du compositeur de Bouchara et Lonely Child nous donne ici à entendre une fantasmagorie lyrique improbable pour soprano et ensemble.
C'est (remplaçante au pied levé de Nadja Michael) qui défend cette pièce ô combien exigeante. Les procédés d'écriture caractéristiques de Vivier alliant contrepoint complexe et unisson d'ensemble, relaient un imaginaire musical coloré et marqué par les musiques asiatiques et proche-orientales. Les lignes ornementales expressives, l'orchestration asymptotique et l'équilibre timbral délicat de cette partition ont permis une fois de plus d'apprécier la palette musicale infinie des solistes de l'EIC.

On termine ce concert avec la création de Hermes V du compositeur . Cette œuvre pour grand ensemble, fresque gigantesque brillante et fragmentée, fait partie du cycle Visage d'Hermès consacré à la divinité grecque. L'orchestration foisonnante du compositeur se heurte au découpage formel par bloc, propulsant l'auditeur dans un univers discontinu où les harmonies s'entrechoquent. Le lyrisme brut et soutenu de la partition n'échappe pas aux interprètes et à leur chef. L'énergie déployée impressionne et les appels saisissants de cloches au sein de la percussion suspendent l'écoute. Le chef conjugue parfaitement la force et la finesse, offrant à cette nouvelle déité des ailes de choix.

Pour conclure, ce concert démontre une fois de plus la richesse du panorama musical actuel et la nécessaire ouverture qu'entreprend depuis plusieurs années déjà l'ensemble et son directeur artistique et musical . L'EIC porte avec lui la promesse d'être de son temps (comme l'aurait certainement souhaité son fondateur), avec audace, générosité et excellence.

Crédit photographique :  © Luc Hossepied /EIC

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