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La Procession/Solo(s) de Nacera Belaza, le temps s’est étiré au Panthéon

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Paris. Panthéon. 13-VI-2017. La Procession/Solo(s) de Nacera Belaza. La Procession. Direction artistique : Nacera Belaza. Interprétation : Dalila Belaza, groupe d’amateurs de Mantes-la-Jolie. Son et lumière : Christophe Renaud. Production : Compagnie Nacera Belaza.
Solo(s). Direction artistique : Nacera Belaza. Chorégraphie et interprétation : Nacera Belaza pour « L’infime ». Dalila Belaza pour « L’appel ». Son et lumière : Christophe Renaud, Gwendal Malard.

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Dans le cadre de la 3e saison de « Monuments en mouvement », une procession d'amateurs et deux soli de Dalila  et investissent le Panthéon pour une expérience de la lenteur et des limites du mouvement. Chevalier de l'ordre des Arts et des Lettres, est une chorégraphe d'origine algérienne qui a créé sa propre compagnie en 1989, après s'être initiée à la danse en autodidacte.

Les lourdes portes du Panthéon s'ouvrent et un chœur de personnes âgées pénètre imperceptiblement dans la nef fraîche et sombre du monument. Les spectateurs suivent ce groupe d'êtres évanescents tous vêtus de blanc qui fredonnent des notes vibrantes en se mouvant dans une quasi immobilité et qui semblent ainsi appartenir à un autre espace-temps (celui de l'au-delà ?). La (trop) longue traversée, une heure durant, mène le chœur jusqu'à la scène circulaire qui épouse les contours de la coupole. À la place du pendule de Foucault est suspendue une ampoule dont l'intensité lumineuse accompagne la dynamique de la danse. Ce n'est sans doute pas un hasard si la scène se situe en cet endroit du pendule car les soli reprennent une réflexion sur le temps et les changements imperceptibles à travers des mouvements fondés sur l'invariante répétition ou l'extrême lenteur. L'oscillation et la rotation ne sont plus celles que l'on a l'habitude de voir in situ mais deviennent celles des corps eux-mêmes.

Le solo de , intitulé L'Appel, débute précisément par une gestuelle épurée, à peine perceptible, dans le silence et les dimensions écrasants du temple. Le temps semble de nouveau s'étirer devant le spectacle de l'incarnation de la lenteur. Puis la chorégraphe commence les yeux fermés, comme poussée de l'intérieur, une marche en rond qui se transforme progressivement en une longue course concentrique et hypnotique accompagnée par des sons orientalisants entêtants. Cette inertie laisse s'échapper comme une libération progressive, un sourire puis des gestes énergiques partant de la poitrine comme des dons vers l'extérieur. Ce cheminement de l'intérieur vers l'extérieur est l'une des thématiques phare de , qu'elle met en scène de façon émouvante dans ce solo. Cette course frénétique semble productrice d'une énergie partagée car au fil du tournoiement incessant du corps, les ampoules disposées le long du cercle s'illuminent et éblouissent, laissant apparaître des jeux d'ombres subtils sur les groupes statuaires des pilastres entourant la scène.

Sans transition, entre en scène pour son solo L'infime et présente une autre forme d'expérience de la limite du mouvement chorégraphique. De façon imperceptible, elle passe du sol à la position debout, en changeant légèrement de positions qu'elle maintient assez longtemps dans une oscillation permanente proche du ressort et du rebond. Les mouvements s'accélèrent, la tête est désarticulée et le corps se détraque dans une longue transe.

La durée des différentes séquences est longue, parfois trop, d'autant que la gestuelle est minimaliste. Le temps se dilate alors à l'extrême, dans la lenteur ou la répétition. Mais ces propositions dansées expérimentales interrogent subtilement le rapport au temps et la limite du mouvement incontrôlé et chorégraphié.

Crédits photographiques : © Patrick Berger

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Paris. Panthéon. 13-VI-2017. La Procession/Solo(s) de Nacera Belaza. La Procession. Direction artistique : Nacera Belaza. Interprétation : Dalila Belaza, groupe d’amateurs de Mantes-la-Jolie. Son et lumière : Christophe Renaud. Production : Compagnie Nacera Belaza.
Solo(s). Direction artistique : Nacera Belaza. Chorégraphie et interprétation : Nacera Belaza pour « L’infime ». Dalila Belaza pour « L’appel ». Son et lumière : Christophe Renaud, Gwendal Malard.

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