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Ballet national de Cuba : les solistes illuminent la soirée d’ouverture

Le revient à Paris après dix ans d'absence pour une série de représentations de Giselle et de Don Quichotte. La soirée d'ouverture, conçue comme un hommage à , sa fondatrice et directrice, présente dix grands pas de deux dansés par les meilleurs solistes formés par l'école cubaine. Ce show virtuose démontre les qualités exceptionnelles des danseurs cubains.

C'est la fine fleur de l'école cubaine que présente le , sous la houlette d'. Âgée de 96 ans, celle qui a fondée la compagnie avec son mari Fernando Alonso en 1948, continue à écrire l'histoire de cette compagnie unique, qui joue le rôle d'ambassade de la culture cubaine dans le monde. C'est sur scène, que la Prima ballerina assolutta, désormais aveugle, viendra recueillir l'ovation du public.
Elle a choisi, pour ce programme, quatre artistes cubains expatriés, pour danser aux côtés des solistes du Ballet national : , Étoile au ballet de Munich, Yoel Carreño et Yolanda Correa, tous deux étoiles au , et Luis Valle danseur dans la compagnie de Danse Acosta à Cuba.

Le programme mêle des grands pas de deux du répertoire classique (Casse-Noisette, Raymonda, Diane et Actéon, le Cygne noir, Roméo et Juliette, Le Corsaire et Don Quichotte) – dans les versions chorégraphiées par pour la plupart – à une pièce aux accents cubains, Muñecos d'Alberto Mendez, et une pièce contemporaine, Invierno d'Ely Regina Hernandez. Sur un fond bleu et une scène nue, les danseurs enchainent les pas de deux, décontextualisés. Le risque est bien sûr la lassitude devant une structure nécessairement répétitive et un intérêt artistique limité. En outre, la bande son est défaillante : mal réglée, la musique écorche les tympans et va jusqu'à s'interrompre complètement à deux reprises en plein milieu du pas de deux du Corsaire ! Le parfait professionnalisme des danseurs, Luis Valle et , sauve la mise et les applaudissements du public prennent le relais de la musique pour soutenir la danseuse dans sa redoutable série de fouettés en tournant. Ces couacs lors d'une soirée de gala pour la première du ballet de Cuba surprennent de la part d'une maison comme la salle Pleyel.

Mais malgré ces désagréments, impossible de ne pas se laisser entrainer par le charisme des danseurs cubains qui proposent une danse d'une qualité époustouflante, particulièrement spectaculaire chez les garçons, à la fois athlétiques, souples et explosifs. , qui danse aux côtés de Diane et Actéon puis Don Quichotte, emporte tous les superlatifs. D'une précision absolue aussi bien dans les sauts que dans les tours, il enchaîne avec une assurance insolante pirouettes à six ou sept tours, manèges de grands jetés à une hauteur vertigineuse, sauts à l'écart parfait. Avec sa partenaire , dont la particularité est de tenir ses équilibres en arabesques sur pointes un temps infini, le risque serait d'avoir l'impression d'assister à un numéro de cirque. Si dans de tels pas de deux sortis de leur contexte, on recherche davantage le brio que la finesse d'interprétation, ils évitent cet écueil, grâce au plaisir d'être sur scène qu'ils communiquent au public. Ce jeune danseur cubain de 27 ans, expatrié, mérite bien le surnom de « roi de la danse » que certains lui attribuent.

Dans un registre plus lyrique, le pas de deux de Roméo et Juliette, dans la version de Michael Corder, est magnifiquement interprété par le couple Yolanda Correa et Yoel Carreño. Ils dansent également le superbe Tchaïkovski pas de deux de Balanchine, avec fluidité, délicatesse et tendresse.
Anette Delgado propose un très beau cygne noir, dans une chorégraphie d'Alicia Alonso, qui met l'accent sur la virtuosité technique. Avec son partenaire Dani Hernández, elle danse avec inspiration le pas de deux Invierno chorégraphié par Ely Regina Hernandez, dans un registre néoclassique.
La soirée se clôt avec la version très spectaculaire du pas de deux de Don Quichotte, chorégraphiée par Alicia Alonso, comme une invitation à aller voir l'intégralité du ballet à partir du 15 juillet.

Crédits photographiques: Photographie n° 1: © DR; Photographie n°2: dans Diane et Actéon © Stas Levshin

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