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Éloge du piano de Sibelius par Joseph Tong

En proie à de constantes difficultés financières tout au long de son existence, savait que sa musique pour piano lui rapportait bien plus d'argent que ses géniales symphonies et sublimes poèmes symphoniques.

Pour autant il lui fallait batailler régulièrement et âprement pour obtenir l'assentiment de ses éditeurs. Sans aucun doute, le plus célèbre et singulier des compositeurs nordiques de son temps ne surestimait nullement la valeur intrinsèque de ses nombreuses miniatures  pianistiques (environ 120 partitions) tout en leur accordant une attention bienveillante. Presque étonnamment, ce catalogue retint l'intérêt d'un grand nombre de pianistes et non des moindres. Le fameux Glenn Gould défendit avec brio plusieurs opus (CBS) et des pointures telles qu'Erik Tawaststjerna (BIS), Cyril Szalkiewicz et Marita Vittasalo (Finlandia) laissèrent des enregistrements très intéressants. Plus récemment Annette Servadei (Olympia), Håvard Gimse et Risto Lauriola (Naxos), Jean Dubé (Syrinx), Pietro Galli (Cassiopée), Oli Mustonen (Ondine), Ralf Gothoni (Ondine) et Kyoko Tabe (Chandos) apportèrent leur précieuse contribution à ce répertoire sinon foncièrement original, du moins porteur de pages satisfaisantes voire même attachantes. Le label Quartz fait appel à , un pianiste britannique formé à l'université de Cambridge et à la Royal Academy of Music, dont les débuts au Wigmore Hall se situent en 1997. Après plusieurs concours réussis, sa carrière démarre rapidement, confirmant tant ses qualités techniques que la richesse de son expression.

Ce premier volume Sibelius atteste de sa proximité avec l'univers pianistique de ce compositeur qu'il interprète avec équilibre et pondération, sans tenter de l'embellir ni de l'amoindrir. Sa version de Finlandia paraît excellente mais ne parvient pas à convaincre, tant l'œuvre privée de l'orchestre originel est décevante. Sibelius ne cacha jamais son peu d'intérêt pour le clavier mais parvint néanmoins à élaborer un climat inspiré par l'épopée du Kalevala. Ainsi, les trois pièces composant Kyllikki (1904) en imposent par leur tonalité sombre, leurs mélodies bien dessinées, leur climat dramatique souvent souligné par des silences efficaces. Une atmosphère poétique et nostalgique domine dans les Deux Rondinos de 1912 tandis que les opus consacrés aux Arbres (1914), aux Fleurs (1916-17) et aux Paysages (1929) reçoivent une lecture attentive et éclairée. traduit avec élégance et délicatesse leur caractère discrètement romantique dépourvu de pathos et de grandiloquence, conduite qu'il conserve pour les Cinq Pièces romantiques de 1924.

Un aspect périphérique et peu fréquenté, mais parfaitement rendu, du catalogue de .

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