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Coffret Herbert von Karajan religieux chez DG

En un luxueux coffret de 29 CDs, Deutsche Grammophon rassemble absolument toute la production chorale et sacrée accomplie par pour la célèbre étiquette jaune entre octobre 1961 et juin 1986.

Cette réalisation fera la joie des amateurs de ce genre de musique, qui ne désirent pas acquérir la totalité de l'immense legs du grand chef autrichien sous forme de quatre coffrets (1960s, 1970s, 1980s et The Opera Recordings), car afin d'éviter les doublons il est nécessaire de préciser sans ambiguïté que tout le contenu de l'album sous rubrique se retrouve disséminé dans les trois premiers volumes, et même dans « The Opera Recordings » qui propose en bonus le « live » salzbourgeois 1965 de La Création de Haydn. Tout possesseur des quatre coffrets précités ne doit donc en aucun cas se procurer cette cinquième livraison!

Si la musique chorale et sacrée ne constitue quantitativement qu'une partie limitée de son legs discographique, il est remarquable de constater qu'en perfectionniste, tout comme pour la musique purement instrumentale ou l'opéra, a constamment interrogé certaines œuvres, pour nous en livrer sur label jaune jusque trois versions enregistrées : c'est le cas du Requiem de (1961, 1975, 1986), de sa Messe du Couronnement (1975, 1985 [live]) et de La Création de (1965 [live], 1966, 1982 [live]). De même nous bénéficions de deux enregistrements du Ein deutsches Requiem de (1964, 1983), de la Missa Solemnis de (1966, 1985), de la Messa da Requiem de (1972, 1984),  et du Te Deum d' (1976, 1984). Cette édition absolument exhaustive nous les offrent toutes sans exception, en un somptueux coffret parfaitement édité, avec selon la coutume actuelle, reproduction des visuels d'origine. Il est aussi intrigant de constater que si le Requiem de Mozart constitue la première gravure sacrée de Karajan, il en est également la dernière, la boucle étant ainsi bouclée, telle une composition cyclique…

La vie de Karajan fut une quête constante d'un absolu de beauté sonore – allant progressivement à la toute fin de sa carrière jusqu'à une sorte d'ivresse sophistiquée du son – soutenue en cela par les admirables Berliner Philharmoniker, Wiener Philharmoniker et qui lui offrirent toute l'opulence sonore adéquate à sa volonté, à son dessein. est un esthète de la musique, et si évidemment on n'interprète plus Bach à sa façon qui faisait fi du mouvement baroqueux, il faut bien reconnaître qu'il défend sa vision de manière péremptoire. Les diverses versions préférentielles seront choisies notamment pour l'homogénéité des solistes, la cohérence des masses en présence et la transparence de l'enregistrement : si pour le Requiem de Mozart l'interprétation de 1975 est préférable (superbe van Dam) par rapport à celle de 1961 un rien confuse, en général la première mouture des multiples versions s'impose à l'évidence : 1964 pour Ein deutsches Requiem de Brahms d'une remarquable ferveur et avec mise en évidence des timbales, leur conférant un rôle particulièrement dramatique dans la deuxième partie Denn alles Fleisch, es ist wie Gras ; studio de 1966 pour La Création de Haydn, parfaite ; 1966 pour la Missa Solemnis de Beethoven, aux solistes radieux et homogènes, et un violon solo d'exception : Michel Schwalbé, tout cela rendant inutile la version de 1985…

Quoi qu'il en soit, ce prestigieux coffret fera les délices des amateurs de grandes fresques sonores et d'un Karajan introspectif et d'une spiritualité inhérente à sa personnalité.

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