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Les Vêpres de la Vierge de Monteverdi à Salzbourg, Savall au sommet

Un musicien d'élite dans un répertoire essentiel : est justement fêté à Salzbourg.

Depuis 2012, le Festival de Salzbourg dure un peu plus longtemps : Alexander Pereira avait introduit une sorte d'avant-propos au festival proprement dit, sous le titre Ouverture Spirituelle, et le nouveau directeur du festival, Markus Hinterhäuser, a choisi de conserver cette nouveauté. On peut être sensible à l'aspect religieux, très autrichien, de ces journées initiales, on peut y être réfractaire : toujours est-il que le mélomane, surtout grâce à la programmation inventive de Hinterhäuser, en tire un bénéfice immédiat par la richesse du répertoire qui y est mobilisé. Dans le domaine choral en particulier, de la Messe pour double chœur de à la Transfiguration de Messiaen en passant par le Stabat Mater allemand de Schubert, le Festival se montre tel qu'il ne devrait jamais cesser d'être, un terrain de découverte et de célébration de la curiosité musicale.

Les Vêpres de Monteverdi ne sont naturellement pas une rareté, encore qu'on les entend toujours cinquante fois moins que n'importe quelle symphonie romantique ; et Monteverdi est une tradition festivalière plutôt discrète, mais vieille de plusieurs décennies. Les Vêpres elles-mêmes y ont déjà été données il y a trois ans par John Eliot Gardiner : le concert avait eu lieu dans la cathédrale, presque contemporaine de la publication des Vêpres ; cette fois, c'est l'église de l'Université, plus petite et plus tardive, qui accueille et ses troupes. Malgré les réflecteurs suspendus à ses voûtes, les pièges acoustiques de l'église ne sont jamais totalement maîtrisés : ici, depuis le milieu de l'église, les équilibres entre voix et instruments sont loin d'être satisfaisants, le continuo étant par exemple réduit à un bruit de fond facilement couvert par le chœur, tandis que les voix solistes s'en sortent mieux.

Dans la nuit salzbourgeoise, la richesse de l'écriture monteverdienne parvient néanmoins à se faire entendre. Parmi les solistes, , découverte voici quatre ans dans Elena de Cavalli à Aix, se distingue par son éloquence simple et la pureté de son ton ; , à qui échoient beaucoup des plus beaux moments de la partition, ne réussit pas tous les ornements, mais il impressionne par la force de persuasion à laquelle parviennent la clarté de son timbre et la qualité de sa diction. Là où l'accompagnement n'est pas affecté par l'acoustique, Savall fait merveille dans un répertoire dont il saisit tous les enjeux stylistiques et toute la rhétorique émotionnelle et spirituelle : Salzbourg est pleinement dans son rôle en présentant ainsi un artiste majeur au sommet de ses possibilités musicales.

Photo : Salzburger Festspiele / Silvia Lelli

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