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La Pietra del Paragone, heureuse reprise au Festival Rossini de Pesaro

Premier triomphe de Rossini, l'opéra La Pietra del Paragone, vivifié par , revient à Pesaro.

Sur la scène de l'Arena, une grande villa rectiligne et transparente dans le style des années 1970, blanche avec quelques détails rouges, meubles et objets design de l'époque. C'est la copie d'une véritable réalisation architecturale de Pizzi. Le chœur annonce l'intrigue, ouvriers et serviteurs en blanc occupés en chantant à remettre de l'ordre après une fête organisée la veille. Les invités arrivent, tous vêtus délicieusement vintage, comme sortis d'un vieux Vogue. Le Comte en peignoir les observe de sa terrasse. Le spectacle est la reprise d'une mise en scène de 2002 alerte et espiègle par , qui signe aussi les décors et les costumes.

Première commande officielle de La Scala de Milan à un jeune compositeur de vingt ans, cet opéra, dont la première eut lieu le 26 septembre 1812, a été joué cinquante-trois fois à l'époque. Rossini est lancé ! La gaieté de la partition, encore un peu mozartienne, pétille dans les airs virtuoses, comme dans les trios et quatuors, admirablement réglés. Le comte Asdrubale, qui doute de la bonne foi de ses prétendantes, imaginant qu'elles ne l'aiment que pour sa fortune, se déguise et annonce qu'il est ruiné. Suit un drôle de jeu d'amour, car Clarice l'aime, et comme il n'y a pas de hasard, c'est par un déguisement aussi qu'elle réussit à le faire enfin craquer.

Un casting d'enfer

Presque tous les chanteurs sont passés par l'Accademia Rossiniana : , , , , et qui chantait déjà Pacuvio dans la même mise en scène au Teatro Real Madrid en 2007, sous la direction d'Alberto Zedda. La mise en scène exige des chanteurs jeunes et beaux, et ils le sont tous, merveilleux acteurs, et nageurs, bretteurs, danseurs en plus !

incarne une Clarice gracieuse et chante avec beaucoup de musicalité. Plus soprano que mezzo, elle se projette moins dans les graves que dans les aigus, ce qui est dommage dans ce rôle conçu pour Maria Marcolini, qui avait chanté Ciro in Babilonia. prête au Comte Asdrubale son physique d'athlète, mis en valeur par diverses tenues sportives et élégantes, son timbre particulier, et sa voix ronde, avec des aigus colorés. Leur duo dans l'air de l'Écho est un des meilleurs moments du spectacle, avec le quatuor du premier acte.

Les prétendantes, (la Baronessa Aspasia) et (Donna Fulvia), coiffée à la Dalida, sont parfaites de vanité. Le clinquant factice de la seconde répond au piquant de la première, parfois stridente, mais cela convient au personnage.

Pacuvio est un burlesque idéal, qui chante sans exagération, avec bon goût. Il est très applaudi après la chansonnette délirante Ombra sdegnosa del Mississipi (Acte I), un Allegretto au rythme pulsé sur un texte surréaliste. William Corrò est un Fabrizio exubérant, avec une voix riche. L'élégance virtuose de , Giocondo mélodieux, souple et puissant, convient parfaitement au jeune poète sensible et délicat, et lui vaut aussi des applaudissements après Quell'alme pupille (Acte II, scène 4), véritable mini leçon de bel canto. La voix puissante de , qui sort avec facilité, enjolive les airs aériens de Macrobio.

Les chanteurs sont faciles à comprendre, crédibles dans la folie du livret, et la mise en scène riche en rebondissements coule avec un naturel idéal. Toutes les autres qu'on a pu voir semblent définitivement démodées ou inutilement complexifiées et artificielles, comme celle de Giorgio Barberio Corsetti et Pierrick Sorin au Châtelet en 2007 (reprise en 2014).

accompagne et dirige attentivement les voix et l'. Il accentue avec légèreté le grotesque et la frénésie de Rossini, laissant libre cours à la malice et à la bonne humeur des interprètes.

Crédit photographique : © Studio Amati Bacciardi

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