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Avec Bruckner, nouvelle réussite de Gustavo Gimeno avec le Philharmonique du Luxembourg

Après un premier enregistrement très remarqué consacré à Chostakovitch, le jeune chef espagnol poursuit à la tête de son son exploration des grandes pièces symphoniques du répertoire avec, pour ce deuxième opus, un disque dédié à comprenant la Symphonie n° 1 et Quatre pièces pour orchestre.

Programme d'une rare intelligence et particulièrement intéressant musicalement quand on sait que ces quatre pièces orchestrales, datant de 1862, servirent d'apprentissage à Bruckner et possiblement d'ébauche aux grandes symphonies ultérieures et notamment à cette même Symphonie n° 1. Une symphonie composée en 1868, plusieurs fois révisée et remise sur le métier pour aboutir à une version définitive en 1891. Vingt ans séparent la version initiale dite « Linz » de la version définitive dite « viennoise ». On ne s'étonnera donc pas de retrouver déjà présente dans cette première symphonie toute la maîtrise compositionnelle du maître de Saint-Florian.

Une symphonie voyant se succéder quatre mouvements, un Allegro initial énergique, lyrique, héroïque, un Adagio aux instabilités tonales, grave et intériorisé, un Scherzo haletant, contrastant avec un Trio d'allure populaire, d'une rusticité caractéristique des scherzos brucknériens, et un Final flamboyant, majestueux et solennel conduisant à une coda lumineuse. Une œuvre réputée difficile à diriger du fait de ses nuances serrées dont et le Philharmonique du Luxembourg donnent, ici, une lecture très aboutie caractérisée par son équilibre, son ampleur sonore, sa dynamique tendue, son phrasé souple et sa grande clarté rendant immédiatement accessibles l'architecture globale de l'œuvre, tout comme son orchestration typiquement brucknérienne où aucun détail n'est oublié.

La Marche en ré mineur (1863) et les Trois pièces pour orchestre (1862) peu connues soulignent la continuité et le long apprentissage nécessaire au cheminement brucknérien, sortes de préludes aux grandes œuvres de la maturité tardive du « ménestrel de Dieu ».

Un Bruckner allégé, magnifique, par la direction de Gimeno d'une remarquable justesse se situant dans la ligne directe de ses anciens maîtres, Haitink, Jansons ou encore Abbado, magnifiée encore par la qualité superlative du Philharmonique du Luxembourg, tous pupitres confondus. À ne pas manquer en attendant le prochain opus consacré à Ravel.

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