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Cinéma symphonique avec Gérard Depardieu au 13ème Art

Accompagné de la légende du cinéma français , l'Orchestre Philharmonique de Prague inaugure le théâtre 13ème Art à Paris. Au menu du spectacle :  et son Carnaval des animaux et des bandes-annonces de films pour se souvenir du lieu dans lequel ce nouveau théâtre s'est installé : l'ancien cinéma du Centre commercial Italie 2 fermé depuis dix ans.

Le chantier n'est pourtant pas tout à fait terminé avec un restaurant toujours en travaux, mais surtout une billetterie qui va faire défaut pour plusieurs semaines encore. Sans avoir la possibilité d'imprimer ses billets sur le site Internet consacré à la vente, le public est aujourd'hui contraint de faire la queue à l'accueil pour ensuite accéder à cette salle. Tout ne peut pas être parfait pour une inauguration ! Mais une fois passée cette attente un peu longue, la salle de 900 places est appréciable à plus d'un niveau, et même si l'orchestre est sonorisé ce soir, il est à noter que, d'où que l'on soit, la visibilité et les fauteuils noirs y sont très bons : « même si vous êtes au dernier rang, vous avez la scène dans vos mains », assure Gilbert Rozon, producteur et initiateur du projet tourné vers l'humour.

Spécialiste du ciné-concert et d'enregistrement de musiques de film, l'Orchestre Philharmonique de Prague, issu de la réunion de deux orchestres dont l'orchestre national « Film Symphonie Orchestrer Prag Barrandov » auparavant attaché aux studios de Cinéma Barrandov, choisit comme première partie une sélection des plus belles musiques de films internationaux comme français faisant indéniablement parties de la mémoire collective, ces bandes originales étant soutenues par un judicieux montage sur écran géant des scènes les plus connues.

L'annonce de l'arrivée du récitant du Carnaval des animaux prévue en seconde partie de soirée, se fait par le biais de la bande originale du film Le chèvre puis de celle de 1492 : Christophe Colomb. Alors qu'au premier abord, la musique de Saint-Saëns pourrait paraître un peu incongrue dans le cadre de cette soirée, on se rappelle ensuite que celle-ci fut créée au concert de Mardi Gras organisé chez le violoncelliste Charles Lebouc : idéal pour l'ouverture d'un théâtre dont l'essence reste l'humour. Entre ce magnifique exercice de style du compositeur postromantique et les citations musicales parodiques qui agrémentent cette partition (comme Rameau, Berlioz, Rossini, ou Mendelssohn), la phalange mène avec brio les différentes orchestrations de ces quatorze mouvements de courtes durées. La sonorité d'ensemble est généreuse, la direction large et précise. La connexion avec le public est évidente, s'en faisant l'écho avec humour et naturel, n'hésitant pas à se balader entre les deux contrebassistes, à interpeller la jeune violoncelliste avant son solo, à regarder par-dessus l'épaule de certains instrumentistes à cordes, alors que les éclats de rire de Gilbert Rozon se font entendre en coulisse à l'écoute des brillants textes empreints d'audace et de poésie de Francis Blanche. Dans un formidable élan populaire et festif, ce concert symphonique « grand public » est une autre offre dans le paysage culturel parisien, plus accessible, mais tout autant rigoureuse.

Crédits photographiques : © Laura Gilli

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