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Evgueni Kissin souverain dans Bartók

Soirée Mitteleuropa pour ce concert du « National » dirigé par le chef , éminent spécialiste de ce répertoire. Un programme rare et éclectique convoquant les compositeurs , et et enfin , tous contemporains et originaires d'Europe centrale. Un magnifique concert boudé, hélas, par le public parisien. Concert dont le grand moment fut indiscutablement la magistrale interprétation du Concerto pour piano n° 2 de Bartók par le pianiste .

L'ouverture de la soirée se fait sur la Suite n° 1 (1903) de , dédiée à Camille Saint-Saëns. Si le Prélude initial, caractérisé par sa monodie pure jouée à l'unisson par les cordes, paraît un peu lourd et empesé avec une sonorité trop rêche, le Menuet redonne à la musique et à la danse tous leurs droits dans un phrasé plein d'allant, de souplesse avec des vents admirables et parfaitement en place.

Le Concerto pour piano et orchestre n° 2 (1931) de Bartók constitue ensuite, assurément, le grand moment de la soirée, le pianiste nous en livrant, dès l'entame de l'Allegro initial, une lecture d'un pianisme époustouflant faisant montre d'une virtuosité percussive impressionnante, tenant tête à l'orchestre dans un puissant dialogue soutenu par des cuivres éclatants. L'Adagio central se déroule, à l'inverse, dans un recueillement entretenu par les cordes qui ont retrouvé, dès lors, toute leur souplesse, attendant l'entrée retardée du piano qui égrène ses notes dans un climat plein de mystère où le temps semble comme suspendu, avant que des déferlements d'arpèges ne viennent interrompre brutalement ce véritable nocturne. L'Allegro final renoue ensuite  avec la virtuosité, sur un rythme effréné, dans une sorte de cavalcade, où se mêlent pour notre plus grand bonheur, piano véhément et orchestral, cordes, percussions et cuivres. Une interprétation des plus abouties, dirigée de main de maître par , parfaitement à l'écoute du soliste et des différents pupitres, respectueux de l'architecture de l'œuvre et des équilibres entre soliste et orchestre. Une lecture claire et juste qui permet au pianiste d'obtenir un triomphe mérité auprès du public, enthousiaste bien que peu nombreux, qu'il gratifiera de deux superbes bis, la Méditation de Tchaïkovski et une Valse de Chopin.

La Suite pour orchestre de la Petite Renarde Rusée, due à Vaclav Talich d'après l'opéra éponyme de Janáček, dont on notera la richesse de l'orchestration et la profusion de timbres, fournit au National l'occasion idéale de faire valoir toutes ses couleurs orchestrales dans une atmosphère pleine de charme et de poésie.

Les Danses de Galánta (1933) de Kodály concluent cette belle soirée sur des rythmes de danse aux accents tziganes parfaitement servies par la direction ample et précise de . Un qui danse, qui respire, des pupitres de qualité superlative (violoncelle, cor, clarinette) une cohésion et une mise en place irréprochables, une dynamique pleine d'allant, bref, une interprétation magnifique et jubilatoire. Tant pis pour les absents qui auront eu tort une fois de plus !

Crédit photographique © Sacha Gusov /EMI

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