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Vêpres romaines avec Joël Suhubiette et l’ensemble Jacques Moderne

Les Vêpres romaines de et de son portent haut les couleurs sonores de la musique ecclésiastique dans la Ville éternelle de la deuxième moitié du XVIIe siècle et du début du XVIIIe. Entre le compositeur sorti de l'ombre Bencini, et le grand maître Scarlatti, L'Oratoire du Louvre résonne religieusement.

Premier grand chef-d'œuvre sacré de la musique baroque, le Vespro della Beata Vergine de Claudio Monteverdi est devenu une œuvre phare du patrimoine musical italien : du Mont Saint-Michel par le Ricercar Consort à Rocamadour par les Sacqueboutiers en passant par Salzbourg avec Jordi Savall, pour prendre des exemples très récents, elle sait encore conquérir l'auditeur d'aujourd'hui. Mais ces Vêpres font bien figure d'exception puisque ces offices étaient en réalité rarement mis en musique par un seul compositeur. Joël Sububiette inscrit la programmation de ce concert autour des Vêpres romaines, dans une démarche identique que les maîtres de chapelle de XVIIe siècle, en piochant dans des partitions de et , permettant ainsi un savant mélange entre l'œuvre du plus grand maître italien de la deuxième moitié du XVIIe siècle et du début du XVIIIe, et celle abondante de , musicien bien moins connu aujourd'hui.

C'est donc avec Laudate Pueri Dominum (Psaume 112) et Lauda Jerusalem (Psaume 47), tous deux extraits des Vespere de Santa Cecilia commandées en 1720 par le cardinal Acquaviva (un autre exemple rare de mise en musique intégrale d'un office de vêpres par un seul compositeur), que la musique du Cavaliere résonne dans l'Oratoire du Louvre. Brillante synthèse entre le stile antico et le stile moderno chère au vieux maître, les audacieuses harmoniques et l'imprévisibilité du discours foisonnent, portées par un chœur parfaitement homogène qui démontre grâce à cette cohésion de belles personnalités. Attentifs à l'autre et agréablement fusionnels, les choristes de l' portent haut les couleurs du monde ecclésiastique de la Ville éternelle. Une basse continue fluide et discrète avec le théorbe de Rémi Cassaigne, l'orgue positif d'Emmanuel Mandrin et le violoncelle d'Hendrike Ter Brugge complète le plateau.

Pur produit de l'école romaine, Bencini est avantageusement mis en lumière ce soir, même si son esthétique musicale semble au premier abord moins audacieuse que celle de Scarlatti. Ses brèves antiennes offrent toutefois l'occasion d'entendre de merveilleuses voix solistes : du soprano limpide de la sobre et du timbre aérien de la pétillante , au contre-ténor dont on continue à admirer la voix pure après sa prestation remarquée il y a quelques jours au Festival Musica de Strasbourg, c'est une musique quelque peu conservatrice mais vivante et imaginative que l' et son directeur défendent avec passion.

Crédits photographiques : © François Passerini ; Ensemble Jacques Moderne © Ensemble Jacques Moderne 

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