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Bach en sept paroles par Pygmalion : premier épisode

Le message universel de , défendu avec ardeur et brio par et son lors de cette première étape intitulée « Lumières » d'un cycle de sept concerts, a bien été reçu à la Cité de la Musique.

C'est un orchestre grandiloquent, avec trois trompettes et timbales, qui débute le marathon de l' et de son chef autour des cantates de . Dès O ewiges Feuer, o Ursprung der Liebe BWV 34, la sonorité éclatante des instruments anciens et la savante polyphonie vocale propre au style germanique se font la résonance de cette première étape intitulée « Lumières ». Les flammes célestes laissent place à la douceur des deux traverso qui s'entremêlent à la pureté du timbre d', contre-ténor d'une précision implacable, attentif à la clarté du verbe comme de sa ligne de chant dans son aria Wohl euch, ihr auserwählten Seelen. On regrette que ce soit la seule intervention du chanteur, alors que ses collègues s'illustrent avec constance tout au long de la soirée dans différents récitatifs, airs et duo.

Mais ne s'attarder que sur la performance des chanteurs serait bien injuste au regard de la très belle qualité de l'ensemble des interventions de plusieurs pupitres ou solistes, à l'image des trois trompettistes qui font preuve d'une technicité solide et d'une sonorité d'ensemble ronde tout autant que percussive dans cette première cantate. Le traitement de ces instruments se rapproche de la partie vocale tant leur présence est notable, notamment dans la cantate Jauchzet Gott, alle Landen BWV 51, où le premier trompettiste Hannes Rux se démarque particulièrement par la précision de son jeu, alors qu'en guise de réponse, la lumineuse déploie un chant très minutieux de vocalises en vocalises dès son premier air Jauchzet Gott, alle Landen. La soprano bénéficie d'un continuo raffiné dans son récitatif Wir beten zu dem Tempel an, mené en toute sobriété par l'orgue et le violoncelle solo, instant suspendu dans cette prodigieuse profusion sonore.

Une proposition originale

Le temps de quelques ajustements plateau, et la proposition la plus originale de ce concert commence ; une première d'une longue série, d'après les explications de lors d'un récent entretien avec ResMusica consacré à ce cycle « Bach en sept paroles » présenté tout au long de la saison 2017-2018 à la Philharmonie. Qui de mieux que , l'un des plus grands chorégraphes de la danse contemporaine, pour un travail autour de la lumière, sachant que dans ses chorégraphies, celle-ci joue un rôle décisif dans la perception d'un temps éternel ? Pour cette chorégraphie sur le Concerto brandebourgeois n°3 en sol majeur BWV 1048, c'est naturellement en duo, avec sa partenaire et sa muse de toujours, , que le talent de ce danseur s'exprime. L'orchestre danse au rythme des mouvements de bras des deux artistes, dans une fluidité des déplacements magnétique, mêlant force et légèreté, fusion et individualité, air et chair, rigueur et lâcher-prise. La magie opère dans une évidence déroutante. Sublime.

La cantate Der Himmel lacht ! Die Erde jubiliert ! BWV 31 offre ensuite deux airs à et à , le premier magnifiant son air Fürst des Lebens, starker Streiter par un charisme incontestable, le second par des intentions justes et élégantes dans Adam muß in uns verwesen. La force collective des choristes ne flanche à aucun moment jusqu'au chœur final de la dernière cantate du programme, Gloria in excelsis Deo BWV 191, le chœur concluant cette brillante soirée a cappella par un intimiste Jubilate deo de Gabrielli, présageant ainsi de beaux moments à venir autour de ces monuments de la musique baroque que sont les cantates du Cantor de Leipzig.

Crédits photographiques : Raphaël Pichon © François Sechet

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