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Doubles Métamorphoses sous la baguette de Marek Janowski

Dans un programme exigeant, montre la qualité de sa direction au pupitre de l', d'abord en accompagnant l'excellent dans la Symphonie Concertante de Prokofiev, puis face à un ensemble au grand complet dans les Métamorphoses symphoniques d'Hindemith, avant de revenir en formation réduite pour celles de .

L'habitude est évidemment d'entendre à Paris avec l'orchestre qu'il a dirigé jusqu'en 2000, le Philharmonique de Radio France, qu'il reprendra d'ailleurs en fin de saison pour un soir. Mais d'abord, il conduit en ce début d'automne l'autre phalange de Radio France, l'. Le programme est sans doute trop exigeant et malheureusement seule la moitié des sièges est occupé pour l'occasion. Dommage lorsque l'on entend avec quelle maîtrise le chef débute l'introduction de la Symphonie Concertante de .

Son jeu ne cherche pas le style russe et même si ces sonorités se retrouvent dans certains instruments comme le basson, il y a une conception allemande dans la gestion de la matière orchestrale, la rigueur de la battue et la recherche de chaleur aux cordes, plutôt que de mettre en valeur les coloris de la partition. Le violoncelliste s'intègre dans cette vision tout en y apportant la sienne ; il développe un jeu inspiré autant qu'intelligent dans lequel il cherche à maintenir les sons aigres ou sombres de sa partie. Il revient ensuite pour rendre hommage au créateur de l'œuvre, son maître Mstislav Rostropovitch, et joue en bis la Sérénade extraite de la Suite n°1 opus 72 de Benjamin Britten.

En seconde partie, c'est un Janowski peu souriant qui entre en scène pour s'attaquer aux rares Métamorphoses symphoniques sur des thèmes de Carl Maria von Weber. D'abord créée dans l'idée d'être une pièce chorégraphiée, l'œuvre en quatre parties de utilise de nombreux thèmes de Weber avec d'abord ceux de l'opus 60 pour piano à quatre mains. Là encore, la concentration du son sous la baguette de Janowski intéresse particulièrement et l'Orchestre national répond présent par la qualité de ses pupitres, tout particulièrement la clarinette et le basson solo dans leur conversation au début de l'Andantino.

Le temps de replacer les fauteuils sur la scène de l'Auditorium et seules vingt-trois cordes reviennent pour aborder les très complexes Métamorphoses de , achevées dix-huit jours seulement avant la mort d'Hitler par un compositeur qui a vu le monde s'effondrer autour de lui lors des cinq années préédentes. Janowski avait dirigé l'œuvre devant l'Orchestre de Paris en 2014 à la Salle Pleyel et la comparaison face à ce soir penche vers sa précédente prestation, car même si la mise en place est toujours irréprochable et certains instrumentistes de grandes qualités, comme Luc Héry au premier violon ou encore les deux premiers violoncelles, il manque un surplus de tension et de pénombre pour que la pièce touche profondément.

Crédit photographique : © Felix Broede

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