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Pandas chinois et musique Renaissance au musée du quai Branly

La fusion entre la musique occidentale de la Renaissance et le théâtre d'ombres chinois, classé au patrimoine immatériel de l'Unesco, fait ici merveille : les artistes arrivent à obtenir un joli moment empreint de douceur et de poésie.

« Comment trouver, au-delà de ce qui nous différencie, ce qui nous rassemble ? » C'est la question posée par l' et le Centre chinois de théâtre d'ombres du Hunan dans le cadre de cette nouvelle production sino-française intitulée « À quoi rêvent les pandas ? », qui a débuté en mai dernier à Changsha, dans la province du Hunan, pour arriver à Paris, dans ce Théâtre Claude Lévi-Strauss.

C'est en chinois que la directrice du théâtre d'ombres, Peng Zeke, s'adresse aux jeunes Parisiens durant ces premières minutes de spectacle. Mais pourtant, pas de rires ni de mouvements d'agacement de la part de ce public curieux et avide de découvertes, simplement de la surprise et quelques interrogations. Pour dépasser la barrière de la langue, c'est à travers les aventures de l'animal fétiche en Chine que les artistes ont choisi de transmettre leur propos : un jeune panda rencontre un singe rigolo par ses acrobaties, un crocodile effrayant à cause de sa grosse mâchoire et ses grandes dents, mais finalement très sympathique, et un sublime phœnix dont les couleurs du plumage ne peuvent qu'émerveiller les spectateurs, petits et grands. Mais lors du parcours initiatique de cet animal attendrissant, la forêt abondante et rassurante, tout comme la scène où évoluent les musiciens, s'enveloppe d'une épaisse fumée nauséabonde, signe des enjeux écologiques et environnementaux mis en lumière dans ce livre d'images qui s'anime au son de la musique.

Alors que ces personnages de cuir découpé, manipulés par plusieurs marionnettistes équipés de baguettes de bois derrière un écran rétroéclairé, viennent d'un art traditionnel d'un lointain pays, la cohérence est évidente avec le répertoire musical choisi par l' et avec les sonorités douces de la soprano , la richesse des percussions de , les dynamiques du luth et de la guitare renaissance de et les étonnantes bombardes et flûtes du fondateur de la troupe, . Cette cohésion s'appuie sur des éléments communs à tous, artistes comme spectateurs, venus d'Orient ou d'Occident : le choix de la forme de cette proposition, puisque le conte existe invariablement d'une culture à l'autre ; le choix de cet univers rassembleur de l'enfance, avec tout ce que celui-ci comporte : les rêveries, l'émerveillement, la simplicité, la mélancolie parfois ; le choix de cette atmosphère perpétuellement onirique (peut-être un peu longue pour certains enfants), comme une berceuse continue, entre la minutie de la manipulation de ce théâtre d'ombres et le mystère de cette musique ayant traversé les siècles grâce à sa conservation dans des manuscrits anciens tels que le chansonnier de Bayeux, à l'inverse de leurs auteurs devenus anonymes avec le temps. Entre délicatesse et poésie, entre découvertes et ouverture vers le monde et vers l'autre, le temps se suspend au musée du quai Branly.

Crédits photographiques : image de une © PengSiyu ; Spectacle « À quoi rêvent les pandas ? » © Philippe Haller

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