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Classicisme viennois aux Moments musicaux de La Baule

Comme chaque année, les Moments musicaux de La Baule réunissent une pléiade de grands artistes autour d'un thème, cette fois la première trilogie viennoise Mozart-Haydn-Beethoven, occasion de confronter ensembles constitués et duos de circonstances.

Pour cette nouvelle édition, a choisi non plus de donner carte blanche à un ou des artistes comme les années précédentes (Nikolai Lugansky il y a deux ans, le Quatuor Modigliani l'an dernier) mais de centrer sa programmation sur les classiques viennois Haydn, Mozart et Beethoven. Peu d'originalité donc, hormis le choix de la transcription pour cordes et piano du Quintette op. 16 de Beethoven (qui, honnêtement, sonne mieux dans sa version originale pour vents), mais des chefs d'œuvre incontestables.

Une constatation s'impose à l'issue des six concerts répartis sur ces trois journées : les ensembles constitués dominent par leur cohésion. On ne s'étonnera donc pas que les Pražák, qui ont retrouvé avec leur nouvelle premier violon Jana Novaskova, la maîtrise de leur grande époque, rappellent qu'ils constituent toujours l'un des meilleurs quatuors du monde. Opus 77 n° 1 de Haydn, Quintette K515 de Mozart avec en guest star de grand luxe, Quintette de Beethoven donc avec l'excellent , volent sur les cimes ; seul le Quintette avec clarinette de Mozart pâlit un peu en raison de la prestation assez scolaire de la jeune . La constatation vaut aussi pour les Goldberg, trio à cordes constitué de musiciens de l'Orchestre philharmonique de Monte-Carlo, dont l'élan, l'enthousiasme et la joie de jouer nous ont valu une magnifique Sérénade op. 8 de Beethoven, tout comme un superbe Quatuor K 478 de Mozart avec le pianiste Iddo Bar-Shaï, plus convaincant comme chambriste que dans ses quelques interprétations solistes, dévolues à Haydn et assez effacées. Enfin le troisième ensemble constitué, le (, et Sung-Won Yang) nous livrait un Archiduc de grande classe et un magnifique mouvement lent du Trio « Les esprits », faisant regretter le choix de programmation de limiter ce trio à son seul Largo.

Côté solistes enfin, le même donnait de superbes sonates K301 et K454 de Mozart, avec l'accompagnement sensible d' (alors dégagée des maniérismes qui grevaient sa sonate « Marche turque »). Dommage que ait éprouvé de sensibles difficultés dans sa Sonate à Kreutzer donnée le premier jour avec , se rattrapant ensuite dans « Le printemps » avec et surtout la K304 de Mozart avec Iddo Bar-Shaï. Faible réserve en regard de ces moments passés dans la proximité de grands musiciens dont, ce n'est pas le moindre charme de cette manifestation, le public partage aussi le quotidien pendant trois jours d'une grande intensité, ce qui rend ces moments musicaux inimitables.

Crédit photographique :  Iddo Bar-Shaï © Jean-Marc Gourdon

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