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El Baile, Le Bal à la sauce argentine

et s'inspirent très librement du Bal du Théâtre du Campagnol pour El Baile, une virée chorégraphique et musicale dans l'Argentine des 40 dernières années.

Les chaussures. C'est par ces sandales à fines brides et hauts talons que les danseuses de tango se repèrent en Argentine, et ailleurs. Du côté des hommes, il s'agit plutôt de derbys bicolores bien cirées et un peu voyantes. C'est la seule concession initiale à la danse la plus célèbre d'Argentine que fera pendant plus d'une heure d'El Balle, un spectacle qui retrace de manière impressionniste 40 ans de culture populaire argentine.

Le patchwork insolite qui se déploie devant nous brasse en effet danse et musique populaire : côté danse, la salsa, le rock, le hip-hop, côté musique, les chansons traditionnelles et les tubes que l'on fredonne sous la douche. Ce qui donne lieu à quelques scènes d'une force mémorable, comme cette vaste battle bondissante et percutante qui laisse épuisée les danseurs chaussés de baskets, ou leur alignement parfait dans une ligne de stripteases individuels et impudiques, tels que l'on peut en faire devant son miroir en écoutant la radio. Certains danseurs, exceptionnels et virtuoses, sont visiblement des dieux du dance floor. Jouissif !

Le double regard porté par la chorégraphe et l'écrivain sur cette histoire populaire argentine, traversée par un régime militaire, une guerre, des difficultés économiques et politiques, est aussi particulièrement intéressant sur le plan vocal. Chaque interprète, qui a été coaché vocalement, porte une chanson ou un air emblématique de cette histoire récente. Nous n'en saisissons pas toutes les origines, mais l'intensité des intentions et de la présence de ces interprètes, forme le portrait vivant et incandescent d'une jeunesse argentine d'aujourd'hui.

Ce n'est qu'après une bonne heure de spectacle que l'on retrouvera au pied des danseuses et des danseurs – tous argentins – les chaussures de tango et la danse qui va avec. Mais chez Mathilde Monnier, rien n'étant jamais proposé au premier degré, la danse est ici reconstruite, dans une forme qui emprunte à Pina Bausch par son humour et sa sensualité. Un hommage subtil qui se distille tout au long de ce spectacle généreux et moderne.

Crédits photographiques : © Christophe Martin

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