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La magie Savall pour le retour des Cantigas de Santa Maria

La réédition de ces Cantigas de Santa Maria par , est aujourd'hui agrémentée d'une cantiga enregistrée en 2008 : O ffondo do mar tan chão, permettant de goûter huit minutes de plus à ces saveurs musicales du Moyen Âge catalan.

Les Cantigas de Santa Maria ont traversé les siècles grâce à quatre manuscrits répartis en Espagne et en Italie, tous différents et parfois incomplets : un se trouve à la Biblioteca Nacional de Madrid, deux sont au Real Monasterio de l'Escorial, alors que le dernier, à Florence (Biblioteca Nazionale Centrale), est dépourvu de musique.

Considérée par tous comme le plus riche chansonnier marial du Moyen Âge conservé, cette collection rassemble quatre cent vingt compositions poético-musicales attribuées au roi Alphonse X de Castille (dit « le Sage » ou « le Savant »), le fils aîné de Ferdinand III de Castille et de Béatrice de Souabe qui semble avoir plus assuré la cohérence thématique et formelle ainsi que l'homogénéité stylistique de ce recueil, que sa composition complète. Ce travail réalisé entre 1250 et 1280, se compose ainsi de trois cent cinquante six pièces narrant les miracles survenus par l'intermédiaire de la Vierge, alors que certaines chantent les fêtes mariales ou christiques.

Les quatorze cantigas présentées dans cet enregistrement s'inscrivent dans l'impulsion entre le XIIe et le XIIIe siècles d'un répertoire musical populaire voué à l'art marial. Mais ce recueil est aussi singulier à plus d'un titre, à commencer par l'ampleur tout autant que la cohésion de ce manuscrit, reconnu aussi par la beauté de ses iconographies, et par l'utilisation du galaïco-portugais ensuite, considéré à l'époque comme la langue la plus noble et donc la plus apte à la poésie chantée. La collection des Cantigas de Santa Maria est le seul recueil connu écrit dans une autre langue que le castillan, pourtant la langue officielle du royaume depuis Alphonse IX. L'allusion à la figure du roi enfin : Muito faz grand'erro, porté par les remarquables solos des deux sopranos et , évoque un roi troubadour dévoué à la mère du Christ, en racontant à la première personne des évènements de sa vie où l'appui de la Vierge fut providentielle. Ces cantigas présentent également les caractéristiques du genre : une extraordinaire richesse métrique déployée par confondante de clarté et de précision, tout comme l'utilisation de la forme arabe zejel qui consiste en la répétition constante d'un refrain alternant avec plusieurs strophes dont les derniers vers riment avec le refrain.

Entre la version de Johanette Zomer et Antequera parue en 2003 (Alpha), et celle de Sequentia diffusée par DHM, choisit un ensemble important avec divers instruments, possibilité probablement conforme aux pratiques de l'époque (le manque de source de première main ne pouvant toutefois pas l'attester). Le jeu instrumental se révèle splendide, aussi parce que les musiciens d'Hespèrion XX sont des férus de musique ancienne, l'effectif se composant de plusieurs directeurs artistiques d'ensembles spécialisés (Le Harp Consort, Ensemble Ferrara, Ensemble Zefiro…).

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