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Un Orfeo minimaliste mis en scène et dirigé par Paul Agnew

Dans la foulée de leur travail sur les madrigaux de Monteverdi, et nous livrent une belle et sobre version du premier opéra du répertoire.

Le présent album est le reflet, sur support DVD et Blu-Ray, de la production chroniquée en mars 2017 dans nos colonnes. Nous retrouvons donc ce spectacle à l'esthétique délibérément minimaliste, autant pour la partie musicale que pour la réalisation scénique. Le décor se limite ainsi à un cercle de pierres en carton-pâte censées représenter, dans cet ouvrage où le dieu Apollon joue un rôle aussi central, le lieu de culte des populations primitives qui adoraient le ciel et le soleil. Les costumes s'inspirent quant à eux de Nicolas Poussin et du souci des peintres et des intellectuels du XVIIe siècle de récréer leur vision de l'Antiquité. Dans ce décor unique évoluent en bonne harmonie les chanteurs des Arts Florissants mais également les instrumentistes, costumés eux aussi. La captation vidéo souligne avec élégance et intelligence la valeur dramatique associée à chacun des instruments, ce qui vaut au spectateur des images fortes d'une belle beauté.

Sur le plan musical, la conception d'ensemble reste délibérément chambriste, et l'allégement des parties orchestrales et chorales souligne la continuité du travail entrepris ces dernières années par Les Arts Florissants sur les madrigaux de Monteverdi. Les volumes sonores y gagnent en clarté et en transparence, et à aucun moment on ne se prend à souhaiter un effectif plus fourni. La lecture reste cohérente de bout en bout, les mouvements de la caméra contribuant largement à la lisibilité du dispositif. Les chanteurs sont dans l'ensemble d'un excellent niveau, et leur investissement dramatique est total. On soulignera ainsi les belles prestations de , , , et , très convaincants dans leurs multiples incarnations. Chez les dames, on notera tout particulièrement le soprano clair et limpide de la jeune , émouvante Eurydice et autoritaire Musica, tout comme le beau mezzo de Léa Dessandre, Messagère aux accents dignes et nobles. Ce sont cependant les deux ténors du spectacle qui se taillent la part du lion. Dans les rôles secondaires d'Eco et d'Apollon, montre qu'il reste en possession de tous ses moyens vocaux même si la mise en scène et la direction musicale ont dû beaucoup le solliciter. s'investit corps et âme dans un rôle sans doute plus grave que ses parties habituelles de haute-contre à la française, mais dont il s'acquitte sans difficulté apparente. Son impeccable technique, la beauté naturelle de son timbre, la clarté de sa diction et surtout l'émotion qu'il parvient à communiquer dans son chant en font assurément un des plus grands titulaires du rôle à l'heure actuelle.

Très beau spectacle, donc, qui complètera avantageusement pour ce chef d'œuvre de Monteverdi une vidéographie déjà bien fournie.

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