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Bach en sept paroles par Pygmalion : l’appel de Noël

Après « Lumières » et « De passage », la troisième parole choisie par et Pygmalion dans leur parcours à travers les cantates de , célèbre un thème de l'Avent par excellence, l'« appel ».

L'appel, c'est celui que les Écritures lancent au chrétien afin qu'il se prépare à accueillir le Christ. Les cantates choisies sur ce thème, toutes prévues pour être chantées à Leipzig en cette période de l'année, installent l'auditeur dans une atmosphère de joie profonde et d'attente. Wachet! Betet! Betet! Wachet! (BWV 70), ample cantate en deux parties offrant un air à chacune des quatre voix solistes, n'est cependant pas exempte d'une certaine pompe (chœur d'ouverture), ni de dramatisme lorsqu'elle évoque le Jugement dernier. y est formidable, aussi bien dans ses récitatifs accompagnés que dans ses airs. Solide et expressif, il trouve sa place au milieu de la profusion instrumentale, tandis que est remarquable d'éloquence et de justesse d'intonation.

Les mêmes qualités se retrouvent dans l'autre gros morceau de la soirée, la célèbre cantate Wachet auf, ruft uns die Stimme (BWV 140). Mais, comme on peut s'y attendre, ce sont les deux duos réunissant la basse (le Christ) et la soprano (l'âme humaine), accompagnés par les volutes du violon piccolo, qui retiennent le plus l'attention. et excellent dans ces délicieux dialogues qu'ils parviennent à rendre trop courts pour l'auditeur. On remarque aussi un chœur particulièrement précis et présent. Auparavant, l'air fameux qui ouvre la cantate Süsser Trost, mein Jesus kömmt (BWV 151) a permis à la soprano de s'illustrer. Mais, malgré le traverso impeccable d'Anne Thivierge, on reste sur notre faim avec cette interprétation un peu traînante, d'autant que le reste de la cantate n'est pas au programme.

Il est assez plaisant de constater certains points communs avec le premier concert de la série : un contre-ténor () qu'on regrette de ne voir mis en valeur qu'avec un court air, des cuivres resplendissants, de très belles parties au violoncelle solo, ou encore un détour par une œuvre a cappella (en l'occurrence un motet à sept voix de Bertolusi, chanté après la première cantate). On admire également les excellentes intentions musicales de l'ensemble instrumental de Pygmalion. Des décalages malheureux sont tout de même à déplorer (chœur d'ouverture de la BWV 70 et duo « Mein Freund ist mein » de la BWV 140 notamment), et on regrette le tempo, trop rapide pour que l'on profite pleinement des motifs mélodiques aux hautbois et aux violons dans le choral qui ouvre la BWV 140. Mais ces détails n'entament pas la très bonne impression laissée par l'ensemble.

Danse pour le premier concert, magie pour le deuxième : cette fois, ce sont les lumières de l'expérimenté qui étaient chargées d'« ouvrir d'autres portes », comme nous le confiait en entretien. Pari réussi, avec ces variations d'éclairage zénithal sur les musiciens, qui permettent de passer, mais en douceur, d'atmosphères intimistes à un plein soleil (magnifique éclairage jaune et chaud sur l'incroyable In dulci Jubilo de Praetorius, hymne très sonore avec ses quatre chœurs, ses trompettes et ses timbales, qui clôt le concert). Une toile translucide en fond de scène permet également d'installer des atmosphères dans les tons blancs, verts et bleutés, et de produire des effets d'ombre chinoise. Ces artifices contribuent-ils à faire venir un nouveau public écouter du Bach, comme le souhaite ? On ne sait, mais en tout cas le résultat est pleinement réussi.

Crédit photographique : © Marco Borggreve

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