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À l’Athénée, la soirée festive de 1001 notes en Limousin

Le Festival 1001 Notes en Limousin présente chaque année en décembre, au Théâtre de l'Athénée, l'essentiel de sa saison et le festival de l'année à venir. C'est une véritable fête musicale de fin d'année, ouverte à tous les genres, fidèle à la mission que l'association s'est fixée : « Ancrer la musique classique dans notre époque en visitant tout le répertoire classique, du médiéval au contemporain. »

La soirée commence par un mini-récital du pianiste luxembourgeois (finaliste aux ICMA 2018), avec la Barcarolle et la Polonaise « Héroïque » de Chopin ainsi que, intercalé, L'Escalier du diable de Ligeti. Sa Barcarolle, fluide à l'image de flots qui se balancent, manque toutefois de précision, et des nuances sont vite emportées par l'aspect technique virtuose. L'interprétation endiablée de l'Escalier du diable semble exprimer mieux le tempérament du pianiste, mais la force qu'il déploie dans Ligeti fait souffrir le piano Bösendorfer qui se désaccorde à vue d'œil (plutôt à « l'ouïe d'oreille »…), et dont le réglage continue à lâcher tout au long de la Polonaise, jouée avec autant d'énergie que pour Ligeti.

Ensuite, l'ensemble de musique ancienne et baroque , les musiciens de musique traditionnelle persane et le slameur présentent leur programme « Marco Polo » un voyage musical dans un Orient rêveur. Des pièces de Kapsberger et de Landi, ainsi que des chansons traditionnelles, accompagnent des compositions de poètes anciens du Xe et du XIVe siècles, Abou Saeid Aboulkheir et Hafez, récitées par le slameur qui « déclame » également ses propres textes. Au rythme du récit et de la musique aux sonorités nostalgiques, des images animées, poétiques et évocatrices, sont projetées en même temps, et l'ensemble crée un petit « art total » fort agréable, invitant le spectateur à un rêve lointain.

Le voyage continue avec l', constitué de deux joueurs de Cristal Basse – instrument qui fonctionne avec les vibrations produites par le frottement des doigts sur des lamelles de cristal —, et d'une soprano, Armelle Marq. Le son doux et transparent de cet instrument joué par Frédéric Bousquet et , s'adapte parfaitement tant à l'air Lascha ch'io pianga de Haendel qu'à des musiques de nos jours, et crée une heureuse association avec le timbre chaleureux de la chanteuse.

C'est à , le jeune claveciniste très en vue sur la scène internationale, de conclure la soirée, avec une Sonate de Scarlatti, une Toccata de Bach, Les Barricades mystérieuses de Couperin et Continuum de Ligeti, dans un jeu tout à la fois merveilleusement fluide et particulièrement rigoureux. Deux œuvres de Ligeti avec la même notion de répétition et d'une progression chromatique et « mécanique », au début et à la fin de la soirée, donnent une belle cohérence à ce concert ponctué, durant chaque changement de plateau, de conversations amusantes autour de la musique par deux comédiens, Jacques Chambon et Franck Pitiot.

Crédit photographique : Programme « Marco Polo » © Laurent Bugnet

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