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Biber et Piazzolla, rencontre empêchée

Quatre musiciens de la de Berlin manquent à la fois de rigueur et de fantaisie pour donner corps à ces deux univers opposés.

Peu de violonistes se confrontent aux œuvres pourtant majeures de leur illustre ancêtre Biber, dont l'écriture violonistique témoigne de sa propre ébouriffante virtuosité : pourquoi passer des heures à se battre avec un style si étranger, si hérissé de difficultés techniques, quand les concertos de Sibelius, de Brahms et de Beethoven peuvent suffire au succès de toute une carrière ? Biber, à de rares exceptions près, reste donc l'affaire de spécialistes sur instruments anciens – mais l'instrument ne fait pas tout.

, à quelques accrocs près, affronte avec succès les défis techniques de la partition, mais elle comme ses trois accompagnateurs semblent avant tout habités par la crainte que le public ne s'y ennuie : il faut que le public se donne du mouvement en applaudissant après chaque sonate et chaque pièce de Piazzolla, il faut le réveiller par toute une série de petits discours peu pertinents, et surtout il faut impérativement retirer aux pièces toute forme d'élévation, pour en faire un divertissements de pré-réveillon. La fébrilité et l'agitation remplacent donc la contemplation : on ne peut pas rendre pire service à cette musique si singulière et si pleine d'invention.

Dans Piazzolla, le problème est inverse : le violon baroque, le clavecin ou le luth pourraient très bien donner une couleur et une saveur inédites à cette musique, mais c'est l'inverse qui se produit : à force d'en rester à la lettre de la partition sans en chercher l'esprit, les musiciens ne créent ni contraste, ni atmosphère, ni communauté d'âme. Ce très court concert n'est qu'une occasion manquée.

Crédit photographique : © Ida Zenna

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