- ResMusica - https://www.resmusica.com -

Projets wagnériens avec Matthias Goerne

Vision chambriste et dépouillée par   et   pour un florilège des plus belles pages écrites par Wagner pour la voix de baryton.

Les parutions récentes de L'Or du Rhin, La Walkyrie et Siegfried ont montré les affinités toute particulières de avec l'univers wagnérien. Il n'était pourtant pas garanti que ce maître du lied, expert dans l'art de décortiquer le mot dans ses moindres détails, soit à son aise dans l'emphase du théâtre et dans la projection vocale exigée par la présence d'un orchestre plus que fourni. C'est donc avec ses moyens propres et sans renier les spécificités interprétatives sur lesquelles il a construit son art de diseur que le grand baryton allemand se penche sur ces pages.

Son Wotan respire la tendresse paternelle et les adieux à Brunhilde, déclamés dans un legato de miel, compteront parmi les plus émouvants de la discographie de ces dernières années. Mention spéciale également pour son Wolfram, dont la romance à l'étoile illuminera vos nuits et vos soirées d'hiver. Son Hans Sachs, plus contemplatif que d'ordinaire, laisse lui aussi espérer une prochaine prise de rôle. Les héros plus tourmentés, tels Amfortas ou le Hollandais, perdent peut-être en force et en théâtralité ce qu'ils gagnent en subtilité et en conviction. Et si notre baryton n'a pas la noirceur et la profondeur d'un vrai Marke, la douleur du roi n'en est pas moins éminemment palpable.

On s'étonnera parfois de certains choix dans l'enchaînement des pages, tels celui qui fait entendre le monologue de Marke intercalé pour le prélude de l'acte I de Tristan et la version orchestrale du Liebestod, que l'on joue souvent à la file. On souhaiterait également, dans certains cas, des pauses plus longues entre les plages. L'étonnant parti pris de souder certains morceaux entre eux contraste avec la longueur de certains silences à l'intérieur des passages orchestraux. L' n'est peut-être pas la phalange la plus prestigieuse pour jouer Wagner, mais la direction sobre et digne de convient idéalement à l'interprétation presque chambriste des plus beaux monologues écrits par Wagner pour la voix de baryton.

(Visited 944 times, 1 visits today)