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Valery Gergiev et les Münchner Philharmoniker à la Philharmonie de Paris

Pour ce concert unique à la Philharmonie de Paris, étape de leur tournée européenne, les Münchner Philharmoniker sous la direction de leur directeur musical, , offrent au public parisien un feu d'artifice orchestral haut en couleur, dans des œuvres de Tchaïkovski et Strauss, tandis que la soprano donne une lecture décevante des Wesendonck-Lieder de Wagner.

C'est avec la théâtrale Fantaisie symphonique de Francesca da Rimini que ouvre ce concert au programme alléchant. Une œuvre très rarement donnée en concert, très colorée, à l'orchestration foisonnante, et d'une redoutable difficulté de mise en place, ceci expliquant probablement cela. Dans cette partition contemporaine du Ring wagnérien, Tchaïkovski, s'inspirant de l'Enfer de Dante, nous conte les amours malheureuses de Francesca et Paolo, emportés dans l'ouragan infernal des damnés… Une composition lourde de menaces, et une urgence parfaitement rendue par le chef russe dans un phrasé abrupt et très narratif qui donne vie au drame. Son interprétation, magnifique, débute par un appel des trombones suivi d'un épisode très lyrique où se distingue l'excellente Alexandra Gruber à la clarinette, bientôt relayée par les cordes d'une douceur infinie sur un contre-chant de cor (Jörg Brückner) du plus bel effet.

Plus de réserves, en revanche pour l'interprétation des Wesendonck-Lieder par la soprano . Une lecture qui vaut surtout par la qualité superlative de l'accompagnement orchestral, distillé avec justesse et complicité par la baguette magistrale, et toujours aussi ésotérique, de Gergiev, alors que la qualité du chant est fortement altérée par un vibrato tenace et un timbre assez rêche. Dans la ligne de chant ne transparaît jamais l'amour éperdu de Mathilde pour Richard : l'interprétation manque, à l'évidence, de sensualité, de rondeur et de délicatesse (Der Engel, Schmerzen), parfois trop théâtrale (Stehe still), avec, toutefois, de beaux moments lorsque l'émotion est portée par un sublime legato (Im Treibhaus, Träume).

, en deuxième partie de concert, est le compositeur fétiche de la phalange munichoise, qui avait déjà donné deux poèmes symphoniques du même compositeur (Ainsi parlait Zarathoustra et Till Eulenspiegel) lors de l'hommage à Lorin Maazel, dans cette même salle, avec ce même chef, en 2015. C'est, cette fois, Une vie de héros qui est à l'honneur. Nouvelle occasion pour les Münchner Philharmoniker et leur chef de faire valoir leur cohésion, leur réactivité et leurs exceptionnelles qualités solistiques (violon solo, flûte, piccolo, trompette, cor anglais) dans une interprétation irréprochable, là encore, admirable par la tension, la dynamique soutenue, la souplesse du phrasé. La lecture, très narrative, contrastée et colorée, expressionniste, rend toute justice à la richesse de l'orchestration straussienne.

Si le début de la collaboration entre Gergiev et la phalange bavaroise, en 2015-2016, avait pu connaître quelques orages, il semble bien que ces temps soient désormais révolus, comme en attestent les félicitations et applaudissements des musiciens pour leur chef en fin de concert. Une ovation, ce soir, méritée, et à laquelle l'ensemble du public s'est joint.

Crédit photographique : © Alberto Venzago

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