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Les Hagen et Jörg Widmann pour terminer la Biennale de quatuors

Plus que la création de Widmann compositeur, ce sont des interprètes d'exception qui font tout le prix de cette soirée de clôture.

Les compositeurs d'aujourd'hui n'ont pas la tâche facile. Face à eux, Mozart, Beethoven, Schubert : des chefs-d'œuvre qui, en leur temps, étaient des exceptions dans un océan de routine. Pour être au même niveau, il leur faudrait composer exclusivement des chefs-d'œuvre. est dans cette situation quand il compose un Quintette pour clarinette et cordes, qu'il joue ce soir en miroir avec celui de Mozart. Est-ce donc un chef-d'œuvre comparable à cet insubmersible classique ? Non. Est-ce une des meilleures œuvres du prolifique compositeur allemand ? Sans doute pas. Est-ce grave ? Pas forcément. Pour le et pour lui-même, Widmann a écrit près de quarante minutes d'un seul mouvement, qu'il décrit comme « un entre-deux, à la fois fascinant et dangereux, entre le statisme et le flux » : un tempo plutôt lent, quelques épisodes un peu plus agités, et une construction rhapsodique qui, à défaut de véritable continuité, garantit suffisamment de variété pour interdire l'ennui.

Certains de ces épisodes semblent inspirés de l'univers de la chanson populaire, à l'image de son récent hommage à l'orchestre de Paris, d'autres sont plus tendus et plus proches du meilleur Widmann ; ce qui, cependant, soutient le mieux l'attention, c'est encore que cette pièce constitue un écrin idéal pour les immenses séductions de la clarinette de Widmann interprète et de ceux du : peut-être d'autres interprètes feront-ils dans cette œuvre mieux ressortir les « dangers » qu'y voit le compositeur ; ils nous sont restés invisibles, tant le souffle infini de Widmann, la splendeur du timbre, la diversité des ressources expressives semblaient briller ici pour eux-mêmes.

Les mêmes qualités étaient déjà présentes avant l'entracte : dommage qu'un bambin ait jugé bon de gazouiller pendant une bonne partie du quintette de Mozart, dommage surtout que personne, parmi les ouvreurs présents en salle, ne soit intervenu pour ramener le silence ; mais la qualité du dialogue chambriste entre les cinq musiciens, la simple éloquence de leur interprétation font merveille. Les Hagen avaient entamé le concert par le rare Quatuor composé par Webern en 1905, œuvre de jeunesse certes, mais œuvre passionnante, que les Hagen jouent très justement comme une œuvre d'entre-deux, entre les riches effluves d'une nature post-romantique et le pressentiment d'un monde musical nouveau. On comprend, décidément, pourquoi le se voit à nouveau proposer l'honneur de clore l'indispensable Biennale parisienne.

Crédits photographiques : © Harald Hoffmann

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