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La luminosité du Requiem de Campra selon Christophe Rousset

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Paris. Philharmonie, Grande Salle Pierre Boulez. 8-II-2018. Jean-Philippe Rameau (1683-1764) : In convertendo ; Marc-Antoine Charpentier (1643-1704) : Symphonie pour un reposoir H515 ; André Campra (1660-1744) : Requiem. Avec : Caroline Arnaud, dessus I ; Eléonore Pancrazi, dessus II ; Philippe Gagné, haute-contre ; Emiliano Gonzalez Toro, taille ; Douglas Williams, basse taille. Chœur de chambre de Namur. Les Talens Lyriques, direction : Christophe Rousset

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christophe roussetÀ la Philharmonie de Paris, grâce à un vigoureux et à la qualité des Talens Lyriques, In convertendo de Rameau et la Symphonie pour un reposoir de Charpentier ont été de belles mises en bouches pour atteindre le sommet de la soirée : le Requiem de Campra.

Le Concert Spirituel en a fait avec succès un pilier de ses programmations : In convertendo débute le concert. C'est cette même version de 1751 qui est jouée ce soir par . Forme de musique sacrée française la plus importante au XVIIe et XVIIIe siècles, le grand motet connaît un nouveau souffle grâce à l'excellence de l'écriture de Rameau, notamment la virtuosité des cordes et des voix, et ses effets dramatiques audacieux qui préfigurent, dans sa production limitée de motets à grand chœur, la symphonie à thème. La grande expressivité du premier récit In convertendo Dominus est défendue par la voix de haute-contre de , plus connue au Canada qu'en France. Même si la projection du chanteur se révèle assez limitée dans ce premier numéro, il montre plus d'ampleur et de couleurs vocales lors du trio Qui seminant in lacrimis, où force est de constater que l'association des voix de (dessus), et (basse-taille) est bien l'une des forces de cette interprétation. Le charme incontestable de la basse-taille et sa qualité de diction dans son récit Converte Domine captivitatem nostram font oublier des vocalises un peu trop hachées au duo Magnificavit Dominus facere nobiscum.

Mais ce que l'on retient le plus dans cette première œuvre sont bien les nombreux soli des deux hautbois (Vincent Blanchard et Jon Olaberria) soutenus par les bassons et le clavecin. La qualité de ces interventions annonce le beau lyrisme intimiste déployé dans la Symphonie pour un reposoir H515 par les cordes, les deux flûtes et le continuo. Sous la direction de , la pureté sonore des Talens Lyriques tout comme la mélodie grégorienne de Charpentier résonnent à merveille dans la grande salle Pierre Boulez.

Pour un Requiem, on s'attendrait à juste titre à une musique funèbre. Avec André Campra, c'est plutôt la sérénité d'un hymne à la vie céleste qui jaillit de cette partition. Entre la lumière du paradis ou les ténèbres du jugement dernier, le choix est clair ! L'orchestre est aérien (non défini par Campra, il se compose ce soir de dessus, hautes-contre de violon, tailles de violon, basse de violon, contrebasse, flûtes traversières, hautbois, basson et d'un continuo composé d'un violoncelle et d'un orgue), dans une œuvre qui est avant tout une œuvre chorale. Les chœurs très présents sont assurés avec constance et force par le . La musique s'écoule avec spiritualité, sans couleurs et accents tranchés, même si l'Offertoire expose des motifs précipités dans son introduction orchestrale et des changements rythmiques énergiques, avec aussi un tempo retenu au moment du Kyrie et un sens affirmé pour entrelacer au mieux chaque moment vocal et instrumental. Très actifs dans cet ouvrage, les solistes assurent chacun sans exception ses parties avec sensibilité, même si c'est bien la voix de velours du ténor qui sort du lot, l'artiste étant habitué à évoluer avec ces musiciens et ces choristes.

Crédits photographiques : © Ignacio Barrios Martinez

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Paris. Philharmonie, Grande Salle Pierre Boulez. 8-II-2018. Jean-Philippe Rameau (1683-1764) : In convertendo ; Marc-Antoine Charpentier (1643-1704) : Symphonie pour un reposoir H515 ; André Campra (1660-1744) : Requiem. Avec : Caroline Arnaud, dessus I ; Eléonore Pancrazi, dessus II ; Philippe Gagné, haute-contre ; Emiliano Gonzalez Toro, taille ; Douglas Williams, basse taille. Chœur de chambre de Namur. Les Talens Lyriques, direction : Christophe Rousset

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