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Le Jaguar iconoclaste de Marlene Monteiro Freitas

Invitée pour la première fois au Théâtre de la Bastille, la chorégraphe et danseuse capverdienne propose une relecture très personnelle du Sacre du printemps dans Jaguar.

La liste des coproducteurs de Jaguar est longue comme le bras, signe que les productions de spectacle de danse deviennent de plus en plus difficiles à financer. Pourtant, n'est pas une inconnue en France, puisqu'elle est l'invitée des festivals de danse les plus prestigieux, comme Montpellier Danse ou le Festival d'Automne à Paris.

Avec Jaguar, elle s'associe avec son complice pour un duo au long cours, absurde et expressionniste, qui puise aux racines de l'histoire de la danse contemporaine. Vêtus d'une tenue de tennis et munis de simples serviettes éponge, les deux acolytes livrent une hilarante et fascinante partition. Côté gestuelle, c'est un peu comme si le faune et la grande prêtresse du Prélude à l'après-midi d'un faune étaient soudain sortis du cadre et de leur mode de déplacement latéral.

Dans une première partie, les deux danseurs enchaînent les séquences à un rythme soutenu, alternant samba brésilienne et musique classique. Au fil des scènes, le maquillage de leurs visages et la peinture dorée qui recouvre leurs membres commencent à fondre, laissant sur les vêtements et l'éponge blanche comme des traces de terre battue.

Dans la seconde partie, le choix exclusif de la partition du Sacre du printemps de Stravinski permet une relecture toute personnelle et très sauvage de cette pièce fondatrice du XXe siècle, revisitée par de nombreux chorégraphes. Maculés et exsangues, épuisés par la performance physique d'une heure quarante de danse en continu, ils achèvent le spectacle par une vision très baroque et totalement excentrique.
Un spectacle audacieux qui renouvelle le genre…

Crédits photographiques : © Laurent Paillier

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