L'idée était alléchante : trois chanteurs, trois grands noms réunis pour un hommage à l'opérette viennoise. L'affiche, hélas, ne tient pas ses promesses.
Commençons par la bonne nouvelle : Piotr Beczała est toujours le ténor idéal pour ce type de répertoire. Si, avec Lohengrin et Don José, la voix a gagné en puissance, elle n'a perdu ni sa souplesse ni la facilité d'un aigu toujours aussi lumineux. Et surtout, Beczała sait ce que demande stylistiquement l'opérette : une émission facile et jamais musclée, un jeu subtil de demi-teintes et l'art si difficile de différencier entre sentiment et sentimentalisme.
Malheureusement, ce soir, le ténor polonais est le seul à exceller en cette discipline. Crispée dès son entrée, criant plus que chantant ses aigus, Annette Dasch nous offre un chant sous permanente tension. Méforme passagère ou déclin prématuré ? Force est de constater que certains numéros relèvent d'une course d'obstacles dont un « Klänge der Heimat » des plus laborieux.
Ce constat, hélas, vaut également pour la prestation de Thomas Hampson. Certes, le charisme de l'artiste est intact, mais la voix sonne fatiguée, voilée, en difficulté dès le haut-médium. Avec un courage désespéré, il affronte néanmoins les tessitures ténorisantes de Tassilo, Eisenstein et Danilo – et frôle l'accident à plus d'une reprise.
Reste la performance routinière de la Philharmonie Baden-Baden sous la baguette engagée, mais peu subtile de Pavel Baleff. Pas de catastrophe, cette fois-ci, mais rien non plus pour sauver une soirée somme toute décevante.