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Festival de Deauville 2018, entre tradition et modernité

Dans la superbe acoustique de la salle Elie de Brignac de Deauville, le traditionnel festival de Pâques 2018 permettait de retrouver le mélange de plusieurs générations d'interprètes français, débutants ou confirmés ; de façon originale, une commande du festival s'aventurait même vers la création contemporaine.

Pour sa vingt-deuxième édition, le festival de Pâques de Deauville reste fidèle aux principes éprouvés de son directeur artistique, Yves Petit de Voize, de faire venir jeunes musiciens et grands aînés, mais avec une incursion, peu convaincante au demeurant, dans la création contemporaine. Le vendredi 20 avril, le programme très classique associe Brahms et Schumann. Du premier, le célèbre Sextuor opus 18 fait cohabiter plusieurs générations de cordes. L'homogénéité n'est pas parfaite dans la fusion des timbres et des styles ; le pupitre des altos se trouve en particulier un peu écrasé entre le style plus soliste que chambriste d' et la splendeur du timbre de qui tient la partie de second violoncelle. Au final, un bon moment de musique de chambre, mais un cran en dessous de la magie de l'œuvre. En seconde partie, le merveilleux Quintette de Schumann s'avère plus homogène avec une meilleure répartition des voix, même si l'on a entendu des lectures plus bouleversantes du mouvement lent. Mais la superbe prestation de , décidément l'un des plus fins pianistes de sa génération, vient répondre à celle d'un quatuor de haute volée, plus homogène que le sextuor réuni pour Brahms. En bis, tous les musiciens se retrouvent pour jouer la délicieuse « sicilienne » de Maria Theresa von Paradies, une pièce à l'authenticité douteuse (sans doute un pastiche dû au violoniste Samuel Duskin) qui fut jadis un « bis » célèbre des solistes, mais au charme irrésistible.

Le lendemain 21 avril, on retrouve accompagné par un petit groupe d'instrumentistes principalement issus de son Taylor Consort dans un programme en deux volets contrastés et inégalement convaincants. Limité à la basse continue, tantôt à l'orgue tantôt au clavecin, le claviériste laisse au premier violon, , la responsabilité de mener, brillamment, l'ensemble. Un bref concerto pour clavecin et cordes de Vivaldi sert de hors-d'œuvre à trois pièces de Haendel et Telemann qui mêlent harmonieusement vents et bois, pour un résultat d'une séduction et d'une musicalité irréprochables. Vient ensuite une pièce de (né en 1980), Sept particules, écrite précisément pour et ses musiciens. Partition hétéroclite passant d'ostinatos rythmiques répétitifs et minimalistes à des séquences planantes voire des épisodes confiés au « compositeur-interprète » qui, guitare électrique en main, accompagne des rythmes pré-programmés ou même sa propre voix le temps d'une chanson… Une œuvre stylistiquement hétérogène, commande du festival, et qui n'a pas apparemment trouvé sa forme définitive.

Crédit photographique : Dumay, Bukska, Kadouch © Claude Doaré

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