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Première en France du Gewandhausorchester avec Andris Nelsons son directeur musical

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Paris. Philharmonie, Grande salle Pierre Boulez. 3-V-2018. Thomas Larcher (né en 1963) : Chiasma. Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791) : Symphonie n° 40 en sol mineur KV 550. Piotr Ilitch Tchaïkovski (1840-1893) : Symphonie n°6 « Pathétique » en si mineur op. 74. Gewandhausorchester Leipzig, direction : Andris Nelsons

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Déjà apparu en début de saison à la Philharmonie de Paris, le Gewandhausorchester revient avec son nouveau directeur musical, . Après une courte œuvre de créée en mars à Leipzig, l'ensemble livre une Symphonie n°40 de Mozart dans laquelle la tradition germanique audible chez chaque instrumentiste est agitée par le geste plus neuf du chef, beaucoup plus enthousiasmant dans une Pathétique de Tchaïkovski d'une incroyable beauté orchestrale après la pause.

Riccardo Chailly n'était déjà pas un gardien de la tradition, comme il l'a prouvé pendant son mandat leipzigois lorsqu'il a abordé Brahms et Beethoven. Pourtant, l'orchestre est resté le même et a su garder une pâte sonore unique et multi-centenaire. Il faudra comparer le son actuel avec celui que possédera l'orchestre dans quelques années, mais pour le moment, et en regard de l'intégrale en cours des Symphonies de Bruckner chez Deutsche Grammophon, le même équilibre entre tradition et modernité semble avoir été recherché par la formation en choisissant pour directeur musical .

Pour leur premier concert de tournée ensemble en France, après deux magnifiques concerts de l'orchestre en octobre dans la même salle avec son ancien chef Herbert Blomstedt, la formation saxonne ouvre le programme par une pièce contemporaine, Chiasma de l'Autrichien . Comme s'il était au Concertgebouw d'Amsterdam, n'entre pas par la porte de gauche pour passer sur le devant de la scène, mais arrive par une porte dissimulée au fond et traverse son orchestre, dont on voit pour la première fois sous cette battue les violoncelles en deuxième place, juste à côté des premiers violons, alors que jusqu'ici, Nelsons comme son maître Mariss Jansons, avait pour habitude de maintenir les cordes graves tout à droite.

Chiasma cherche dans un assemblage de sonorité à exprimer de l'avis du compositeur « l'entrecroisement et l'appariement consécutif de différents composants », avec force percussions et une utilisation marquée des glockenspiels, vibraphones et xylophones. Sans viser absolument les mêmes jeux de rythmes, l'œuvre rappelle parfois le style d'un John Adams, dans le son des cordes mais aussi dans les contrepoints des cuivres et jusqu'aux frottements des sandblocks.

Une formation moins dense retrouve ensuite la scène pour une Symphonie n° 40 de Mozart de laquelle la tradition se ressent en permanence dans l'orchestre, surtout dans la sonorité et la fluidité des violons, conduits par l'excellent premier d'entre eux, Sebastian Breuninger. Pourtant, la vision de Nelsons impose un nouveau dynamisme, qui pourra plaire ou non selon les goûts. Toujours est-il que l'on se délecte déjà pour cette soirée de l'exceptionnelle sonorité des cordes autant que des interventions des vents, à commencer par le premier basson et le premier hautbois, la superbe flûte étant parfois trop autonome par rapport au reste de l'orchestre.

De la symphonie de Mozart on retient surtout le premier mouvement, Molto allegro, tous les autres étant en partie handicapés par les applaudissements répétés à chaque interruption d'un public qui plus est particulièrement bruyant pendant la représentation. Étonnamment, il n'y a pas d'applaudissements après le premier mouvement de la Pathétique, et l'agacement des amateurs conduira à des demandes très pressées d'interruption des bruits après les deux mouvements suivants de l'œuvre russe. Andris Nelsons se trouve bien plus à son aise dans cette Symphonie n° 6 de Tchaïkovski, qui dès l'introduction, présente la sublime beauté des bassons, puis des clarinettes et de la clarinette basse, mais surtout l'incroyable compacité des cordes et l'impeccable netteté des cuivres, tous fascinants dans un Allegro molto vivace d'anthologie. La direction démontre avec quelle facilité le chef letton réussit à conduire et conforter son orchestre, mais comme chez beaucoup d'artistes aujourd'hui, elle ne cherche pas à créer une arche globale et perd alors en force à l'Adagio lamentoso, dont l'absence de nostalgie ne permet pas une totale élévation.

Crédits photographiques : © Marco Borggreve

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