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Marc Coppey et Peter Laul, intégrale violoncelle et piano de Beethoven

Pour son troisième album chez le label Audite, s'aventure à aborder un répertoire bien connu de tous les amateurs d'instruments à cordes : les œuvres pour violoncelle et piano de Beethoven. Entreprise hasardeuse, car de multiples références ont déjà été signées. Et pourtant, cet enregistrement est une réussite, toute en fraîcheur et finesse.

Parmi les pages pour violoncelle et piano du compositeur de Bonn, on trouve cinq sonates, façonnées entre 1796 et 1815, mais aussi trois cahiers de variations, élaborés dans les années 1796-1801, sur des motifs du Judas Maccabée de Georg Friedrich Haendel et de La Flûte enchantée de Wolfgang Amadeus Mozart.

Les prestations proposées par et ne sont pas révolutionnaires dans le sens propre du mot, car elles ne changent pas nos habitudes d'écoute, tout en respectant de façon précise la notation laissée par Beethoven dans ces partitions. Elles ne sont, par contre, ni raides ni rigides, comme c'est parfois le cas quand les interprètes ne varient pas suffisamment les nuances expressives. Pour cette production-ci, on est saisi par les couleurs produites par les deux instrumentistes. En ce qui concerne le violoncelliste, les sonorités sont profondes, subtiles et riches en harmoniques ; pour le pianiste, elles sont limpides, chatoyantes (principalement dans les aigus) et perlées.

Leurs exécutions sont marquées du sceau d'un classicisme « romantisant ». Elles sont mesurées, par moments même discrètes, en favorisant la pureté du contour, la beauté plastique des harmonies, la clarté de la forme et la légèreté des ornements – c'est particulièrement vrai dans la présentation des thèmes, par exemple. Dans les climax, cependant, le jeu devient intensément dramatique, d'une somptuosité pianistique déployant des polyphonies fouillées, de même que marqué par le brio éclatant du violoncelle, exempt de toute hystérie mais mettant en valeur le côté impétueux de ces œuvres, comme au point culminant du premier mouvement de la Sonate n° 3, Allegro ma non tanto – délibérément rugueux sous l'archet de – suivi d'une cantilène douce et empreinte de ferveur du Scherzo (Allegro molto).

Cet album devrait intéresser les audiophiles mélomanes non seulement par une prise de son nette, précise et détaillée, mais notamment par le double caractère des interprétations qu'il renferme, imprégnées autant d'une élégance et d'un équilibre apolliniens que d'une vigueur et d'une virtuosité dionysiaques.

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