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Les sonates d’Ysaÿe par Stefan Tarara

Chaque période musicale, chaque genre musical a sa planète autour de laquelle tournent les satellites. Pour le violon du vingtième siècle, les six sonates d'Ysaÿe, écrites au début des années 20, servent de mètre-étalon. Et d'autant plus qu'il s'agit certainement de son œuvre majeure, celle en tout cas par laquelle il possède encore une certaine renommée.

Dans ce répertoire intimidant, il faut dire que les artistes du violon ne se bousculent pas. Il s'agit de maîtriser la technique, bien sûr, mais également le lyrisme et la narration, le regard vers le passé au mode présent. Car les intentions du compositeur apparaissent souvent dans les titres des parties : obsession (celle de la musique de Bach), danse des ombres, les furies (dans la Sonate n° 2) ; les danses « classiques » : allemande, sarabande dans la quatrième par exemple… Tout cela sans pastiche aucun, ni illustration musicale au premier degré.

, dont l'intérêt pour la musique moderne se confirme ici, a bien compris le défi qu'il avait à relever. La jeune génération, éprise de technicité, ne sais pas toujours aller au-delà des notes et ne comprend parfois pas qu'elle ne doit être qu'un moyen au service de la musique. rentre avec Ysaÿe dans la cour des grands côté jardin. L'exigence extrême et intimidante de cet opus 27 ne l'empêche pas de nous raconter une histoire : la Sonate n° 2, dédiée à Jacques Thibaud, avec son thème venu du Dies Irae, est particulièrement bien sentie, profonde, glaçante et sinistre, le jeu lisse de la tenue de son abondant en ce sens. Jamais de gros effets, et un naturel parfait.

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