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Les Muses naissantes ou le monde pastoral imaginaire de Couperin

En cette année anniversaire de , le claveciniste propose avec son ensemble  une compilation qui se distingue du tout venant, autour de ces bergers d'Arcadie ayant tant inspiré le compositeur français.

« Les Muses naissantes » est un monde pastoral arcadien imaginé par basé sur une compilation savamment réfléchie de musique de chambre, d'airs de cours et de pièces de clavecin de Couperin autour de personnages majoritairement bergers et bergères pour une trame dramatique bucolique. Les pièces instrumentales sont empruntées aux Concerts royaux et aux Nations alors que le second, troisième et quatrième Livre des pièces de clavecin et les Recueils d'Airs sérieux et à boire de Ballard de 1697, 1701 et 1711 complètent cette programmation.

Dans une intimité chambriste, le décor est planté grâce au bourdon de la musette A l'ombre d'un ormeau (piste 1), à la seconde partie de la Couperinète Dans le goût de la Musète (piste 7) puis la Pastorelle Il faut aimer dès qu'on sait plaire (piste 13). À travers des airs majoritairement strophiques, le chant d', rehaussé par quelques ritournelles à la flûte, au hautbois, au violon ou au dessus de viole, prouve que l'aspect champêtre de ces pièces ne s'oppose aucunement à un raffinement poétique d'une élégante finesse. Le soin apporté par la chanteuse aux ornementations et à un vibrato subtil, donne une agréable sensation continue de caresse et de douceur.

La tendresse et les innocentes espiègleries enfantines sont en première ligne dans le quadruple tableau des Petits-Ages – La Muse naissante, L'Enfantine, l'Adolescente et Les Délices – (pistes 9 à 12), Le Dodo ou l'Amour au berceau (piste 22) et Tic-Toc-Choc ou les Maillotins (piste 2) sous les doigts tout empreints de finesse du claveciniste dont l'instrument, copie d'un célèbre Rückers accordé « selon les recettes de tempéraments ordinaires français », sonne particulièrement bien.

Les échanges amoureux se mêlent joyeusement entre violon et flûte (Air, piste 16) et entre hautbois et basson (Gavotte extraite de La Françoise), alors que l'ensemble affirme avec générosité et équilibre une cohésion certaine dans la Chaconne et la Passacaille. Des jeux de la vie (La Petite Pince-sans-rire) à l'incertitude de la mort (Les Ombres errantes), défie avec Couperin toutes les barrières de l'existence.

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