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Timide Enfance du Christ de Berlioz à Genève

Avec sept parties de solistes, deux chœurs et un orchestre symphonique, L'Enfance du Christ de requiert de très grands moyens. C'est une entreprise d'importance que de monter une pareille œuvre pour un seul concert. Une entreprise qui aurait mérité une salle comble. Peut-être parce qu'un oratorio (même profane) n'excite pas le chaland comme un opéra, le Bâtiment des Forces Motrices n'a pas affiché complet. Et c'est bien dommage, pour une composition si rarement au programme des orchestres.

Après une très courte introduction, la voix de (Le récitant) pose la scène qui en trois épisodes raconte les tourments de la sainte famille de Joseph et Marie, cherchant à protéger l'enfant Jésus contre Hérode. Projetant son instrument dans une excellente diction, le ténor déroule son texte avec intelligence et expressivité. Il donne ainsi à cet oratorio l'esprit d'un véritable opéra.

Une impression confirmée par l'entrée de (Hérode) qui, d'une voix puissante et bien timbrée, nous propulse immédiatement dans le personnage du vilain. Son air Ô misère des Rois ! interprété avec grande sensibilité permet d'apprécier un superbe pianissimo lancé quand, dans son rêve Hérode, il chante Ô nuit profonde qui tient le monde…

Les deux autres solistes semblent ne pas être dans la même dynamique lyrique des textes. Si la voix moins projetée, moins colorée du baryton convient au personnage de Polydorus, cette même voix sans grandes couleurs ternit la partie de Joseph. On peine à ressentir la frayeur de Joseph pour la santé de Marie et la sécurité de Jésus.

Si de son côté, la soprano (Marie) se coule dans le moule d'une chanteuse du répertoire sacré, les mots de cet oratorio réclament des couleurs plus proches de l'opéra. Ainsi, quand elle craint pour son enfant lorsqu'elle lance Ô ciel, mon fils !, la voix reste trop blanche pour que l'on croie à son inquiétude.

Le véritable bonheur musical s'exhale de l', qui confirme sa réputation construite par Michel Corboz dès 1961 et reprise depuis 2015 par Daniel Reuss, son nouveau directeur artistique. Quelle classe, quelle musicalité, quelle diction et quelles couleurs ! Depuis la coulisse, les , en voix blanches, sont en parfaite adéquation avec le texte.

Si la direction d'orchestre de séduit par sa précision, l' apparaît souvent d'une discrétion extrême, en particulier les violons. Même l'ensemble orchestral est souvent couvert par le chœur et parfois, on se prend à devoir tendre l'oreille pour percevoir l'accompagnement des solistes. Peut-être les effectifs sur scène auraient-ils mérité d'être plus conséquents en regard des habituelles exigences sonores des compositions d'.

Crédit photographique : © Gregory Batardon

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