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L’alto romantique : duos avec piano par Daniel Weissmann

Encore trop marginal, supplanté par son grand frère le violoncelle et son petit frère le violon par l'immensité de leurs répertoires, l'alto résiste, et l'on prendra toujours plaisir à se laisser envahir l'oreille par ses sonorités d'entre-deux. met en avant « l'instrument non-roi » dans sa partie romantique.

On remarquera d'ailleurs que les interprètes qui défendent avec conviction cette tranche de la production musicale ont choisi des auteurs plus connus pour leurs élèves de renommée mondiale (Mahler, Busoni, Ysaÿe, Wolf, Sibelius, Grieg, Janáček…) que pour la leur propre. Cela s'entend dans des structures très classiques et une inspiration sans surprise d'où n'émergera jamais le génie étincelant et fulgurant qu'ont pu insuffler certains rares auteurs à cet instrument durant les XVIIIe et XIXe siècles (Bach, Mozart, Berlioz…).

Toutefois, nous ne bouderons pas notre plaisir car au-delà de n'attacher d'importance qu'à la corde, c'est dans un filet de couleurs que nous serons enserrés par qui a osé passer du violon de sa jeunesse à l'alto de sa maturité. La complicité avec  fonctionne bien dans le sens où l'exercice du duo demande le plus d'équilibre possible entre les partenaires. La crainte d'un piano trop puissant et envahissant n'apparaît pas ici. Le pathos qui dénaturerait le rendu sonore global ne figure ni dans le jeu souple du piano de ni dans un trop de vibrato de , constamment soucieux d'un romantisme linéaire.

Par ailleurs, au milieu de ce flot de notes par moment un peu bavardes, quelle belle idée d'avoir inséré à la toute fin du récital la rarissime Romance oubliée de Liszt, version finale d'une pièce pianistique plus ancienne. Le dépouillement et l'étrangeté de cette miniature tranche et nous immerge dans l'essentiel en anticipant les décennies où l'on verra apparaître alors les premières grandes œuvres tant attendues : Hindemith, Weinberg, Bartók…

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